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mercredi 12 février 2020

Alors que la mer de Galilée se remplit, la joie des Israéliens déborde...


TIBÉRIADE – Un rêve de Tou Bichvat (nouvel an des arbres) devenu réalité pour les habitants de Tibériade : la mer de Galilée est à son plus haut niveau de mémoire collective.
« Les gens sont à leur plus haut niveau d’excitation », commente Rami Ben-Tzvi, 72 ans, près du club d’aviron qu’il dirige. Il regarde avec étonnement l’eau devant lui. Bien qu’elle soit encore à 210,04 mètres en dessous du niveau de la mer, elle se situe environ 1,75 mètre plus haut qu’au début du mois de janvier.
Son dernier souvenir d’une telle scène à la mer de Galilée, la plus grande source d’eau douce d’Israël, c’était lors des grandes tempêtes de 1992. Il fait remarquer que c’est un spectacle nouveau pour de nombreux habitants de la région.
Depuis début janvier, les pluies ont été si abondantes que si les averses prévues pour le reste de la semaine ont lieu, le niveau de l’eau pourrait bientôt monter d’environ 1,25 mètre, ce qui risquerait de provoquer des inondations dans une ville habituée à redouter la sécheresse.
Si une inondation se profile, les autorités interviendront. Si l’eau s’approche de la « ligne rouge supérieure » de 208,8 mètres en dessous du niveau de la mer, elles ouvriront un barrage au kibboutz Degania, permettant à l’eau de s’écouler vers le fleuve du Jourdain comme ce fut le cas en 1992.
Les habitants de Tibériade considèrent l’ouverture du barrage comme un événement capital – et évoquent le nouveau niveau d’eau avec la verve des fans de sport qui discutent des résultats lorsque leur équipe gagne.
=Les experts affirment que l’ouverture du barrage serait bénéfique pour Israël et la région.
Steve Brenner, un spécialiste de l’eau de l’université Bar-Ilan, indique au Times of Israel que l’ouverture du barrage serait bénéfique pour le Jourdain et ferait monter le niveau de la mer Morte. D’après Uri Schor, porte-parole de l’Autorité israélienne des eaux, la probabilité d’ouverture du barrage est de 50 %.
Vue de la mer de Galilée depuis la promenade de la plage dans la ville de Tibériade, au nord d’Israël, le 30 janvier 2020. (David Cohen/Flash90)
Tandis que Rami Ben-Tzvi parlait, il montrait du doigt une jetée en béton que son club d’aviron utilise. « Elle mesure 20 mètres de long, et la plus grande partie est normalement sèche, mais aujourd’hui, la plus grande partie est dans l’eau, et seulement cinq ou six mètres sont au sec ».
Il était si heureux qu’il a emmené sa petite-fille avec lui au travail pour la journée, pour voir l’eau. Pour lui, il s’agissait d’une sortie parfaite pour Tou Bichvat, le fameux « Nouvel An des arbres », lors duquel les Juifs célèbrent la nature.
Masouda Daout, 80 ans, est assise près de son déambulateur, à la recherche de clients pour ses bijoux, dont certains illustrent son héritage juif irakien. « Tout le monde parle de l’eau », confirme-t-elle. « Tout le monde en est heureux – ravi ».
Planté derrière un stand, Michael Ben-Yaish encourage les touristes à s’inscrire à ses excursions en bateau. « Cela va être vraiment bon pour le tourisme intérieur », se réjouit-il, prédisant que les prochains jours seront bien remplis.
Michael Ben-Yaish à Tibériade, Israël, le 9 février 2019. (Nathan Jeffay/Times of Israel)
Il a montré du doigt l’eau derrière son stand. « C’était autrefois de la terre ferme. Il y a quelques années, nous étions vraiment inquiets pour le Kinneret, mais regardez maintenant », dit-il en utilisant le nom hébreu de la mer de Galilée.
Pas plus tard qu’en 2018, l’Autorité israélienne de l’eau a averti que la mer de Galilée s’asséchait en raison de faibles précipitations et qu’elle approchait de la « ligne noire », après quoi la qualité de l’eau risque de commencer à être détériorée par le limon et d’autres problèmes.
Schor, le porte-parole de l’Autorité de l’eau, explique qu’Israël souffre généralement d’un manque d’eau, mais que la situation s’aggrave en raison de la croissance démographique et d’autres facteurs. Accusant le dérèglement climatique, il décrit : « Nous avons eu de moins en moins de pluie en moyenne ces dernières années, et avant l’année dernière, il y a eu cinq années de sécheresse sévère, principalement dans le nord et la mer de Galilée ».
Vue de la mer de Galilée depuis la promenade de la plage dans la ville de Tibériade, au nord d’Israël, le 30 janvier 2020. (David Cohen/Flash90)
Pour Schor, une bonne gestion, ainsi que des précipitations abondantes, contribuent à l’évolution positive actuelle. Pendant les années de sécheresse, son autorité a prélevé moins d’eau que la normale dans la mer de Galilée : 30 millions de mètres-cubes par an – un douzième du volume autorisé.
Chen Lankry, qui s’efforçait de répondre à la demande sur son stand de crêpes, avait en mémoire les mauvais moments. « Il y a quelques années encore, nous étions très inquiets, craignant presque que le Kinneret ne disparaisse », dit-il avec tristesse.
Puis, sur un ton optimiste, le crêpier de 37 ans, s’émerveille : « Maintenant, les gens viennent de partout pour voir cette eau. »
Chen Lankry devant son stand de crêpes à Tibériade, Israël, le 9 février 2019. (Nathan Jeffay/Times of Israel)
Et il n’exagérait pas. Devant la jauge d’eau, où le niveau de la mer de Galilée est constamment affiché, une famille palestinienne de Jénine, en Cisjordanie, admirait l’eau. Ils n’ont pas voulu donner leur avis pour cet article, mais le fils Imhama Sai, 20 ans, voulait être photographié. A quelques mètres de là, deux hommes ultra-orthodoxes parlaient du niveau de l’eau en yiddish, et tout près, Pieter Tirul, un touriste autrichien, est monté sur une échelle abandonnée pour obtenir le meilleur angle de la mer de Galilée pour ses photos.
Un groupe de chrétiens canadiens était en train d’acheter des souvenirs. Alors que l’un d’entre eux interpellait ses amis à propos des châles de prière bon marché, Sylvia Scullion, une femme au foyer de 62 ans, originaire de l’Ontario, explique qu’elle a fait le déplacement pour se rendre compte combien la mer de Galilée était haute.
Sylvia Scullion à Tibériade, en Israël, le 9 février 2019. (Nathan Jeffay/Times of Israel)
« Nous sommes tellement excités », commente-t-elle. « Jésus a marché sur cette eau, et le niveau est si élevé aujourd’hui que je peux y mettre mes mains en me tenant ici sur la terre ferme ». Et d’ajouter : « La pluie est une bénédiction ».
Violet Vladi, 33 ans, avait emmené ses enfants et sa nièce de Nof Hagalil, anciennement Nazareth Illit, en disant qu’il était pertinent de faire le voyage juste avant Tou Bichvat étant donné la dépendance de la nature à l’égard de l’eau. « C’est un sentiment d’émerveillement total », décrit-elle. « Je me souviens avoir vu ce genre de scène pour la dernière fois quand j’étais adolescente. C’est tellement bon pour la terre quand le Kinneret est plein. »
Shadi Nakas, 39 ans, a fait le voyage depuis Nazareth, qui est voisine de la ville de Vladi. « C’est un énorme changement par rapport à ces dernières années, alors je voulais qu’ils le voient », a-t-il dit en montrant ses enfants, ajoutant que dans sa mosquée, les fidèles priaient pour la pluie.
Imhama Sai à Tibériade, Israël, le 9 février 2019. (Nathan Jeffay/Times of Israel)
Dans le magasin de téléphones portables situé sur la promenade, un client attendait patiemment que le propriétaire sorte de l’arrière-boutique où il faisait sa prière de Minha, la prière juive de l’après-midi. Quand Shimi Ben-Nissim, 44 ans, eut terminé, il a dit qu’il avait remercié Dieu pour la pluie.
« Je vis à Tibériade depuis toujours et je ne me souviens pas d’une météo comme celle-là. C’est un sentiment d’émerveillement, comme si quelque chose de magique se produisait », abonde Shimi Ben-Nissim.
Steve Brenner, professeur au département de géographie et d’environnement de l’université Bar Ilan. (Autorisation)
Steve Brenner, l’expert en eau, professeur au département de géographie et d’environnement de l’université Bar-Ilan, explique que le dessalement, qui fournit maintenant environ un quart des besoins en eau d’Israël, a rendu la mer de Galilée moins importante comme source quotidienne – mais les gens ont encore raison de se réjouir lorsqu’elle se remplit.
« Même si nous comptons de plus en plus sur le dessalement, le Kinneret reste un atout stratégique pour l’eau », indique-t-il. « Avoir l’eau sur place et la gérer est toujours aussi important qu’il y a 10 ou 20 ans. Nous avons cinq grandes usines de dessalement et si une seule d’entre elles était mise hors service pour cause de panne, de terrorisme ou de vandalisme, cela aurait un impact significatif sur l’approvisionnement et il serait important de se rabattre sur le Kinneret ».
Vue du coucher de soleil à Ein Pik sur le Kinneret, la mer de Galilée, sur les hauteurs du Golan, le 22 janvier 2020. (Maor Kinsbursky/Flash90)

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