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vendredi 7 juin 2019

6 juin : ce que nous devons aux Etats-Unis...


Je ne puis savoir au moment où j’écris ce que sera la teneur de tous les discours qui seront prononcés à l’occasion des cérémonies commémorant le 75ème anniversaire du 6 juin 1944. Je peux néanmoins constater d’emblée une continuation de la révision de l’histoire enclenchée il y a plusieurs années déjà.

Les Etats-Unis sont placés sur le même plan les autres participants, ce qui ne me parait pas vraiment admissible. Quiconque se rend au cimetière américain de Colleville sur Mer voit des milliers de tombes marquées d’une croix blanche pour les Chrétiens, d’une étoile de David, blanche aussi, pour les Juifs : des milliers de jeunes Américains sont morts pour la libération de l’Europe. L’armée américaine a été la force essentielle du Débarquement. Le reconnaitre impliquerait le recours à un mot très simple : gratitude. A l’époque Radio Paris était une radio collaborationniste, et l’infect antisémite Philippe Henriot y déversait sa bile (il sera tué le 28 juin, vingt-deux jours après le 6 juin), et le régime de Vichy n’était pas mort. Ce ne sont pas seulement les soldats américains qui ont contribué à la libération, c’est aussi l’industrie américaine, qui était à l’époque entièrement tournée vers l’effort de guerre et la nécessité d’en finir avec les puissances de l’Axe. La campagne d’Italie avait commencé en juillet 1943, et faisait suite à la campagne d’Afrique du Nord. L’armée américaine devait se battre aussi en Asie contre le Japon. L’équipement militaire de toutes les troupes engagées contre les puissances de l’axe était du matériel américain. Franklin Roosevelt a commis des erreurs sous l’influence de conseillers qui se sont révélés plus tard être liés à l’Union Soviétique, mais tout ce qui minore le rôle des Etats-Unis n’en est pas moins nauséabond.  Cela doit être dit.
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Le Royaume-Uni, grâce essentiellement à Winston Churchill a évité le désastre et la reddition qu’envisageaient d’autres politiciens britanniques, et sa persistance et son courage ont évité le pire. Rendre hommage à Winston Churchill et, depuis là, aux Britanniques, est légitime (tout comme rendre hommage aux soldats venus du Canada, membre du Commonwealth), mais sans l’intervention déterminante des Etats-Unis, Churchill n’aurait pu tenir très longtemps, et le Royaume-Uni aurait fini par être vaincu. Cela doit être dit aussi.
La Russie à l’époque était le cœur d’un régime totalitaire criminel, le régime soviétique. Hitler et Staline étaient alliés au début de la guerre et se sont partagés la Pologne. Les Soviétiques ont perpétré le massacre de Katyn en 1940 et cruellement anéanti les élites polonaises. Hitler a attaqué l’Union Soviétique (des documents semblent montrer qu’il l’a fait parce que Staline envisageait de l’attaquer, mais rien n’est vraiment prouvé). Le combat a été à partir de là le combat entre deux dictateurs totalitaires criminels et abjects. Franklin Roosevelt a choisi de s’allier avec Staline et de fournir à l’Union Soviétique du matériel militaire américain sans lequel l’Union Soviétique se serait effondrée. Staline a utilisé des dizaines de milliers de citoyens soviétiques comme de la chair à canon (les soldats soviétiques avaient le choix entre avancer et se faire massacrer par les troupes allemandes, et reculer et se faire massacrer par les mitrailleuses soviétiques). Les citoyens soviétiques ont payé un très lourd tribut à la guerre, mais la responsabilité de Staline a été écrasante. Churchill voulait un débarquement par les Balkans, Staline a refusé et Roosevelt a suivi Staline, d’où le débarquement en Normandie, mais si l’avis de Churchill avait été suivi, l’Europe centrale n’aurait pas été asservie à l’Union Soviétique, et l’Allemagne n’aurait pas été divisée en deux. Dire, comme cela se fait ici et là, que c’est grâce à la Russie que l’Allemagne nazie a été vaincue relève de la révision de l’histoire. Les décisions de Roosevelt ont fait que les troupes soviétiques ont été les premières à entrer dans Berlin, mais il en a été ainsi parce que Roosevelt a pris de très mauvaises décisions. Poutine dirige la Russie, pas l’Union Soviétique, et les crimes de l’Union Soviétique après 1945 ont été innombrables. Poutine n’avait pas à être aux commémorations du 6 juin. Cela aussi doit être dit.
Le discours venant de l’Allemagne et qu’on tient depuis trop longtemps, et disant que le 6 juin a été le jour où l’Allemagne a commencé à être libérée du national-socialisme est une monstruosité révisionniste. L’armée allemande s’est battue jusqu’au dernier jour, sur tous les fronts. Ce sont des soldats allemands qui ont tué les milliers de morts tombés sur les plages de Normandie le 6 juin. Le massacre d’Oradour sur Glane a eu lieu le 10 juin, quatre jours après le 6 juin. Les camps d’extermination ont continué à tourner et à assassiner aussi longtemps que cela a été possible. Hitler n’était pas un marginal et a suscité l’enthousiasme d’une très large part du peuple allemand jusqu’au moment où l’Allemagne a été écrasée. C’est un héritage très lourd à porter. C’est l’héritage de l’Allemagne. S’il est un pays où on devrait à mes yeux respecter chaque année deux minutes de silence en souvenir des millions de morts de la shoah, c’est bien l’Allemagne. Qu’on agisse pour que l’Allemagne ne soit pas condamnée à jamais en raison de son passé peut se comprendre. Qu’on révise l’histoire à ce degré est très grave, et contribue à ce que des dirigeants allemands s’autorisent à tenter de donner des leçons à Israël et à se conduire de manière hautaine vis-à-vis des Etats-Unis. Cela aussi doit être dit.
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Le discours qu’on entend en France a commencé à se faire entendre peu de temps après le 6 juin, et a été le discours du Général de Gaulle. Et quasiment tous les dirigeants français, depuis, ont repris ce discours. Il met en avant démesurément la résistance, et posé une ombre sur le rôle des Etats-Unis, et peut aller jusqu’à les accuser d’avoir voulu traiter la France en puissance vaincue. Rendre hommage à la résistance est légitime. Encore convient-il d’apporter des nuances. Il y eut une résistance patriote et il y eut une résistance communiste, qui a commencé quand Hitler a attaqué l’Union Soviétique, et la résistance communiste voulait une prise de pouvoir communiste en France et était inféodée à l’Union Soviétique. En supplément, la résistance, aussi noble ait-elle pu être, a joué un rôle mineur dans la libération de la France. Le fait est que la France a perdu la guerre en quelques jours en 1940, qu’un régime de collaboration s’est mis en place, qu’il y a eu pendant un temps quarante millions de pétainistes et de nombreux collaborateurs. Le fait est que de Gaulle ne représentait presque rien et s’est livré à des manœuvres parfois troubles pour arriver en position de prééminence. Le fait est qu’un rôle a été accordé à la France en 1944-45 et qu’elle a été placée parmi les vainqueurs pour des raisons stratégiques, et pour juguler la résistance communiste (que de Gaulle a su utiliser à ses propres fins). Mais le rôle de la France dans le débarquement a été épiphénoménal. Rendre hommage au commando Kieffer est bien, mais le commando Kieffer incluait moins de deux cents hommes. Il manque depuis de Gaulle la gratitude vis-à-vis des Etats-Unis, et Macron continue l’ingratitude. C’est très malsain.
Sans les Etats-Unis, la France n’aurait pas été libérée, sans l’aide américaine, elle n’aurait pas été reconstruite et les Français auraient connu la pénurie alimentaire. L’attitude du Général de Gaulle et de ses successeurs, Macron inclus, est porteuse d’une ingratitude souvent odieuse.
L’armée française jusqu’à ce jour serait paralysée sans l’aide de l’armée américaine. L’Europe occidentale jusqu’à ce jour vit sous le parapluie de la défense américaine. Donald Trump demande aux pays d’Europe occidentale de financer davantage leur propre défense et de cesser de se comporter en assistés ingrats et en mauvais alliés. Il a raison. Merkel est à la tête d’un pays qui est un très mauvais allié. Macron est un très mauvais allié lui-même.  
Les descriptions de Donald Trump qu’on trouve dans la presse française sont immondes, diffamatoires, et montrent que la mentalité de nombreux journalistes consiste à cracher dans la soupe américaine tout en profitant d’elle. C’est vil, très vil. C’est sordide. Je devais le dire. Je l’ai dit.
Si on apprenait dans les écoles, ce que la France et l’Europe doivent aux Etats-Unis, la France et l’Europe ne seraient pas tout au bord du naufrage qui les attend.
© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

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