Les Juifs originaires d’Irak commémorent mercredi les terribles émeutes qui eurent lieu à Badgad les 1er et 2 juin 1941, fête de Shavouot et qui devinrent tragiquement célèbres sous le nom de Farhoud.. Une cérémonie a eu lieu au Centre de l’héritage des Juifs de Babylonie à Or Yehouda.
Ces jours-là, qui correspondaient aussi à la courte période séparant la fuite du Premier ministre pro-allemand Rashid Ali A-Gallini et l’arrivée des troupes britanniques, des foules imbibées de propagande antisémite se livrèrent à des horreurs envers les Juifs qui rentraient de la synagogue ou se promenaient en famille. En deux jours, cette prestigieuse et très ancienne communauté se croyant bien intégrée dans le paysage irakien a subi un coup fatal.
Les scènes furent atroces: hommes, femmes, enfants et vieillards battus à mort ou abattus, femmes violées, membres d’enfants arrachés, personnes écrasées ou jetées depuis les toits des maisons, enfants jetés dans des puits ou le fleuve etc. Les versions varient quant au nombre de victimes: entre 200 et 600, et quant aux blessés, entre 240 et 2000. Près de 600 magasins furent pillés et saccagés des centaines de maisons juives détruites.
Ces jours terribles ne sont pas apparus soudainement. Ils avaient été précédés de nombreux mois de propagande antisémite instillée quasi quotidiennement par le gouvernement irakien pro-nazi installé en 1940.
L’un des instigateurs principaux de cet antisémitisme meurtrier ainsi que du Farhoud, ne fut autre que le mufti de Jérusalem Hadj Amin Al-Husseini, admirateur de Hitler, partisan de la Solution Finale et inventeur du mouvement nationaliste « palestinien ». Recherché par les Britanniques, il a avait fui la « Palestine mandataire » en 1937 pour le Liban. Recherché ensuite par les Français, il avait fui le Liban en 1939 pour se réfugier en Irak où il fut accueilli en héros national. Jusqu’à sa nouvelle fuite vers l’Iran après la victoire britannique sur l’Irak en mai 1941, le mufti a eu l’occasion de diffuser sa propagande nazie dans les médias irakiens et à orchester le massacre du Farhoud, notamment avec des fonds venus d’Allemagne.
Les événements tragiques du Farhoud sont restés gravés dans la mémoire des Juifs originaires d’Irak et ils sont un exemple éclatant des passerelles établies entre le nazisme et l’Islam entre les années 1920 et 1940, sujet que l’historiographie israélienne moderne n’a malheureusement pas trop cherché à mettre en évidence.
Hélas, au mois de mars dernier, la Cour suprême a rejeté un recours déposé par des organisations représentant des Juifs originaires d’Irak qui demandaient à ce que les victimes de ces progroms ou leurs descendants soient reconnues comme victimes des persécutions nazies. Bien que reconnaissant que l’Allemagne nazie était en partie responsable des émeutes du Farhoud, les juges ont interprété de manière restrictive la loi de compensations de 1957, excluant de son champ les victimes du Farhoud.
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