Courrier international a publié ce jeudi 28 mars un article de propagande directement reçu de la presse officielle syrienne. Inutile de dire que ça ne contribuera pas à redonner confiance dans les médias. Complices, les Décodeurs du Monde, dont c’est la mission, n’ont rien vu, rien dit, rien relevé.
Adrien Sénécat, l’un des deux scélérats du Décodeur du Monde, se targue d’être un « journaliste un peu borné sur la vérification des faits ». Constatons qu’il est surtout borné à militer pour punir ceux qui publient ce qu’il n’aime pas lire. Quant à son responsable aux @Décodeurs, Samuel Laurent, il indique que son compte Twitter est au ralenti – j’ai l’impression que son cerveau aussi, tourne au ralenti.
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A 00:46 ce jeudi 28 mars, Courrier international produit un article au titre flamboyant : « La Syrie repousse une attaque aérienne israélienne près d’Alep ». La Syrie qui est à genoux aurait repoussé une attaque israélienne ? De quoi s’agit-il ?
Si vous lisez l’article, vous ne l’apprendrez pas.
Je vous mets au défi de trouver une seule phrase qui explique en quoi le titre de l’article est pertinent. Comment la Syrie a « repoussé l’attaque ». Il n’y en a pas.
Les médias ne sont-ils pas supposés croiser les informations, vérifier les faits, et ne pas prendre parti ? Ne sont-ils pas supposés s’abstenir d’affirmer des choses qu’ils ne peuvent pas prouver ou n’ont pas établi la réalité ?
Vous ne me croyez pas ?
Voici l’intégralité du texte de Courrier international (il est assez court, lisez-le) :
La défense syrienne a repoussé mercredi soir une attaque aérienne israélienne près d’Alep (nord), a annoncé l’agence officielle de presse syrienne Sana.
Selon une source militaire citée par Sana, « la défense aérienne de l’armée a repoussé une agression aérienne israélienne qui visait des installations dans la zone industrielle de Cheikh Najjar, au nord-est d’Alep, et détruit un certain nombre de missiles ».
Des habitants d’Alep ont raconté à l’AFP que le bombardement avait provoqué une coupure de courant générale dans leur ville.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, les frappes israéliennes ont touché « des entrepôts de munitions appartenant aux forces iraniennes et à des groupes alliés, provoquant d’énormes explosions ».
Il s’agit du premier bombardement israélien depuis l’annonce par le président Donald Trump de la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté israélienne sur la plateau syrien du Golan, dont l’annexion n’est pas admise par la communauté internationale.
Par ailleurs, Israël a toujours affirmé son intention de continuer à viser les positions tenues par l’Iran ou son allié libanais le Hezbollah en Syrie.
Que dit Courrier international
- Israël a touché des entrepôts de munitions, provoquant d’énormes explosions,
- Le bombardement a été si puissant qu’il a provoqué une coupure de courant dans toute la ville.
- C’est ce qu’ils appellent « repousser l’attaque israélienne qui visait la zone industrielle de Cheikh Najjar ». Faut-il en rire ?
- L’article cite la dépêche de l’agence officielle syrienne Sana comme s’il était fiable et crédible.
- Courrier international n’écrit pas, comme il le fait pour les communiqués de l’armée israélienne qu’il précède de : « selon Israël… », ou : « Israël affirme que… », ce qui implicitement encourage le lecteur à ne pas prendre à la lettre.
- Là, Courrier international écrit : « la défense syrienne a repoussé une attaque », annonce l’agence officielle. Tout un programme…
- Israël a bien lancé mercredi des raids sur une zone industrielle d’Alep, Cheikh Najjar.
- « Un certain nombre de missiles ennemis ont été abattus », a déclaré l’armée syrienne – on est loin de « La Syrie repousse une attaque israélienne ».
- « D’autres missiles ont frappé les environs de l’aéroport militaire de Nairab à la périphérie d’Alep. C’est la deuxième frappe de ce type sur l’installation utilisée par les troupes iraniennes en moins d’un an », a ajouté la Syrie. Courrier international a totalement occulté ce fait pour soutenir son titre mensonger.
- « Au moins quatre personnes, soupçonnées d’être des gardiens des entrepôts, ont été tuées ». Cela non plus, Courrier international ne le dit pas – ça contredirait leur Fake News.
- Les entrepôts qui ont été bombardés ne sont pas des baraques comme on peut se les représenter. Selon « deux sources de l’opposition qui connaissent bien la présence militaire de Téhéran dans la région », il s’agit de « gros dépôts de munitions et d’une plate-forme logistique appartenant à des milices soutenues par l’Iran ».
Croiser les faits : ce que Courrier international ne dit pas et qu’il s’est réellement passé
• Selon Middle East Eyes (2) :
• Selon le Times Of India (3) :
Al Jazeera apporte une précision intéressante (4) :
Conclusion : fausse information
Voilà un cas typique de mauvais journalisme. Le sensationnalisme pour le clic, un titre trompeur, pas de vérification des faits, pas d’explication pour comprendre les événements. Et savez-vous quoi ? Il s’agit d’une dépêche d’une des plus grandes agences d’information au monde, l’AFP.
Pourtant, il existe des sources pour s’informer. Le journaliste de guerre et analyste militaire Babak Taghvaee a publié une série de tweets qui permet d’en apprendre bien plus que l’indigent Courrier international.
Mais AFP et Courrier international n’ont probablement pas de connexion internet.
Où sont Adrien Sénécat et Samuel Laurent ? Où sont les Décodeurs ?
Je le dis et le répète : ces deux lampions du Décodex n’ont qu’une seule chose à faire dans leur vie professionnelle, et c’est de détecter les fausses informations.
Pour ça, il leur suffit de suivre leurs propres conseils qu’ils donnent à leurs lecteurs : croiser les informations.
S’ils ne sont même pas capables de faire ça, ils font quoi toute la journée, ils servent à quoi ?
L’idée de créer un outil de vérification des informations est excellente. Mais Le Monde a misé sur les mauvais chevaux. Sénécat et Laurent ne sont pas à la hauteur. Ils sont à la fois trop fainéants et trop malhonnêtes, trop engagés dans leurs propres guéguerres et leur biais idéologique pour faire leur travail sérieusement.
Ils feraient mieux d’être un peu moins obsédés, moins effarouchés que « l’extrême droite » et la « fachosphère » prennent le contrôle des cerveaux et fassent tomber la France dans le fascisme. Leur fiévreuse obsession les rend ridicules et ils sont la risée de la profession.
Conclusion de ma conclusion
Voilà comment on fait du journalisme : en vérifiant les informations, en croisant les sources, en doutant de toutes les sources partisanes, pas seulement d’une d’entre elles.
Je suis pro-israélien, ça ne m’empêche pas d’être honnête dans les informations que je rapporte et de faire mon travail sérieusement.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.
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