Encore une fois, une fois de trop, une plaque commémorative de la persécution, du martyr, de l’assassinat des juifs en France et plus spécialement à Paris, vient d’être arrachée d’un mur de l’ancien Vel d’Hiv. Cette plaque rappelait tout particulièrement les quelques quatre mille enfants juifs raflés par la police parisienne de Vichy et parqués sur ce lieu puis déportés. Seuls deux ou trois d’entre eux réussirent à s’échapper avant le long voyage vers le camp de la mort dont aucun autre ne revint.
77 ans après les antisémites n’en démordent pas, il faut encore tuer tous les juifs mais tout spécialement les enfants déjà morts car n’est-ce pas eux qui dirigent le monde au profit de la finance internationale forcément juive ? N’est-ce pas eux, ces sales gosses juifs qui provoquent les guerres dans le monde pour le bénéfice des sionistes comme on le dit maintenant dans certains diners en ville tout à fait ouvertement, sans se cacher ?
Au même moment, à Tel-Aviv, Israël reçoit les pays de l’Europe, celle de la chanson. L’Eurovision c’est évidemment bien mieux que les nations de l’Europe de la shoah. C’est terrible à dire mais pour une grande partie des pays représentés à l’Eurovision sur la terre ancestrale des juifs ce sont les mêmes, ceux de l’extermination de notre peuple par les nazis avec l’aide des citoyens de ces pays. Bien sur la génération qui vient pour s’éclater à Tel-Aviv l’espace de quelques jours ne porte pas la responsabilité des actes monstrueux de ses grands-parents et est reçue à bras ouverts par la génération des petits-enfants des survivants.
Evidemment il faut être obsédé comme je le suis et que vous l’êtes peut-être aussi, pour faire un rapprochement entre ces deux événements sans lien semble-t-il. Aucune commune mesure, aucun rapport entre eux. Et pourtant rien ne peut se faire simplement, sans arrière-pensée aucune. Sur une de nos chaînes nationales de télévision, la 4, pendant la deuxième demi-finale le présentateur André Manoukian a des commentaires assez surprenants qu’il fait passer subrepticement sans crier « gare « .
Lorsque le groupe israélien d’enfants handicapés « Shalva » vient magnifiquement chanter hors-compétition et de manière étonnante une chanson qui aurait pu représenter Israël, notre commentateur français explique que le groupe ne le fera pas (je cite), « pour des raisons personnelles » de certains chanteurs. En effet il n’était pas dans la capacité d’André Manoukian d’expliquer qu’Israël ayant 80 % de ses habitants Juifs dans un pays considéré comme juif depuis plus de 3 500 ans, un certain nombre des chanteurs du groupe respecte leur foi juive et honore le Shabbat en ne le violant pas. Quitte à ne pas avoir l’éventuelle réussite et le bonheur de gagner ce concours de l’Eurovision. Était-ce si compliqué à dire ? ou bien certains mots comme Tel-Aviv ou Israël ne franchissent-ils pas les cordes vocales de sa gorge ? Comme dire aussi, et je cite à nouveau, « C’était l’Eurovision en direct ». Mais en direct d’où ? Dommage que ce genre de petits silences gâche une si belle soirée pendant laquelle tout le monde semble s’aimer. Comme la candidate de Chypre, contente de venir chanter en Israël chez « notre voisin » dit-elle avec un magnifique sourire.
Dommage que ne faisant pas partie de l’Europe, les pays ayant une frontière commune avec Israël, n’aient pas envoyé leurs meilleurs représentants pour chanter le soir de la finale. En voisins. Par amitié. Pour un bonheur commun ce soir-là.
Mais aujourd’hui ces mots se traduisent mal du français et de l’hébreu vers l’arabe. Continuons de rêver et qu’un soir très prochain nous puissions assister au Concours de la chanson du Proche-Orient ou du tour de la Méditerranée qui réunirait pays musulmans, chrétiens et juif. En Israël ou, pourquoi pas, en Arabie saoudite. A bon entendeur salut.
Serge Hajdenberg
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