Les livres et les films qui décrivent l’occupation nazie dans l’Europe de l’Est et tout particulièrement en Pologne sont très souvent consacrés à la vie des Juifs dans des ghettos. Une telle approche est tout à fait logique, car pratiquement toute la population juive s’était retrouvée alors derrière les murs, qui ont coupé l’espace urbain en deux parties : dans l’une, la vie continuait malgré toutes les menaces, dans l’autre, la mort vous guettait à chaque pas.
En revanche, les documents qui parlent de la survie des Juifs du côté aryen, sont bien moins nombreux ; or près de 100000 personnes ont pu être sauvées en Pologne, car elles ont réussi à quitter illégalement les ghettos, grâce aussi bien à l’aide d’amis polonais que d’organisations clandestines juives.
Lors d’une lecture, il arrive de tomber sur un nom. On tire alors le fil et on déroule une histoire qui ne cessera de nous étonner. Ainsi, dans le livre Les hommes et les animaux d’Antonina Zabinska[1], la femme du directeur du Jardin Zoologique de Varsovie, l’endroit du sauvetage de plusieurs dizaines de personnes, tant enfants qu’adultes, on trouve une liste des membres de la Commission d’Aide aux Juifs, parmi lesquels il y a le nom du couple Berman, Adolf et Basia. L’auteur les mentionne à plusieurs reprises, toujours avec beaucoup de sympathie, voire de tendresse. Mais qui étaient ces personnes qui ont œuvré au sauvetage des populations, condamnées à la mort certaine ? Leur héroïsme et leur abnégation méritent toute notre estime.
Adolf Berman est né à Varsovie en 1906 dans une famille nombreuse et prospère. Comme ses deux frères et deux sœurs, il a fait de très bonnes études ; les cinq enfants étaient tous diplômés de l’enseignement supérieur. En 1931 il soutient avec succès sa thèse de doctorat, en se spécialisant plus tard en tant que psychologue du travail, domaine tout nouveau pour l’époque. Il rejoint en 1926 l’aile gauche du parti Poale Zion, où il côtoie Emanuel Ringelblum, le futur chroniqueur du ghetto de Varsovie. Avant la guerre Adolf était rédacteur en chef de l’hebdomadaire du parti, intitulé Arbeter Tseitung[2], édité en deux versions : polonaise et yiddish. Durant les années 1930, quand l’antisémitisme devenait de plus en plus fort en Pologne, le jeune psychologue s’engage dans la vie de la communauté, avec une nette prédilection pour des problèmes éducatifs. En 1930 il fait la connaissance d’une jeune bibliothécaire Basia Temkin, sa cadette d’un an, qui partageait ses opinions et ses engagements. À l’âge de 16 ans, elle est devenue membre de l’organisation Hashomer Hatzaïr, considérant qu’elle avait une mission sociale auprès des jeunes. Basia était littéralement amoureuse de son travail. Pour être heureuse, elle avait besoin de deux choses : voir ses jeunes lecteurs plongés dans des livres, et passer tout son temps libre avec Adolf. Rapidement ils deviennent pratiquement inséparables, jusqu’à la mort prématurée de Basia en 1953...
À partir de l’automne 1940 le couple se retrouve dans le ghetto de Varsovie, comme d’ailleurs plusieurs membres de leurs familles respectives. Probablement ils auraient pu rester du côté aryen, car ils avaient des amis polonais dévoués, de plus ils possédaient un peu d’argent, parlaient parfaitement polonais et ils avaient, comme on le disait à l’époque à Varsovie, « une bonne apparence ». Mais ils considéraient qu’ils devaient partager le sort de leur peuple.
Pendant cette période, leurs liens avec l’extérieur se limitaient aux appels téléphoniques et aux lettres (plutôt aux cartes postales), car aussi étonnant que cela puisse paraître, les services postaux entre le ghetto et l’extérieur ne furent pas interrompus[3] !
Adolf Berman[4] a continué ses activités au sein du Centre d’Aide aux Orphelins (CENTOS), une organisation caritative qui existait à Varsovie depuis 1924[5] et qui réussit au moins jusqu’à l’été 1942 à encadrer des milliers d’enfants, surtout des orphelins. Pendant cette période si dure, le CENTOS arrivait à nourrir et à scolariser ces jeunes, souvent dans la détresse la plus totale. Le personnel et les bénévoles essayaient de leur donner un cadre de vie, on leur apprenait des métiers, on organisait les séances de lectures, des spectacles, des fêtes juives. On leur conseillait de tenir des journaux intimes dans lesquels ils présentaient leurs histoires personnelles, souvent poignantes. Entourée de ces enfants, Basia se sentait vraiment utile ! Nous connaissons assez bien les activités de l’orphelinat de Janusz Korczak, car il tenait un journal pour consigner les événements marquants, mais il faut préciser que les organisations juives, les partis politiques, les mouvements de jeunesse, dans la mesure du possible, protégeaient les petits et les adolescents, mais les besoins étaient immenses, les moyens réduits, et de plus ils s‘amenuisaient au cours du temps. Au début de l’occupation on espérait encore que ces jeunes survivraient et continueraient les traditions juives sur ces terres d’Europe orientale.
Pourtant, l’amenuisement de la communauté était déjà sensible durant cette première période de l’occupation, (automne 1939 – été 1942) quand les Allemands exterminèrent près d’un million de Juifs. Les gens mourraient surtout de faim et des épidémies, même si les exécutions publiques entraînaient aussi de lourdes pertes. Pourtant, à l’intérieur des murs, un semblant de vie sociale s’était formé et les gens vivaient dans l’illusion qu’il serait possible de subsister, en obéissant aux exigences de plus en plus dures de l’occupant. Pour cette raison, certains dirigeants de la communauté, comme Adolf Berman et sa femme, déjà actifs avant la guerre, organisèrent des structures pour s’occuper de plus démunis. Ils n’étaient pas les seuls, il y avait des infirmières, des médecins, des éducateurs très dévoués et efficaces. Le premier directeur du Centre d’Aide aux Orphelins, l’avocat Brianski a été fusillé par des Allemands en janvier 1940, alors Adolf Berman prend la relève en restant à ce poste jusqu’en été 1942. Mais plus le temps passait, plus la situation empirait !
Après cette première période avec la prédominance des actions sociales, la phase suivante a commencé, quand la résistance armée était envisagée de plus en plus sérieusement. Déjà en mars 1942 le Comité National Juif avait réuni les représentants de plusieurs mouvements politiques de gauche. Adolf Berman en faisait partie, et il participait à la rédaction du journal clandestin, intitulé Der rouf[6]. Mais les jeunes ne voulaient pas se contenter de distribuer les journaux clandestins, ils voulaient combattre les Allemands, même si à l’époque les armes et les munitions manquaient cruellement. Pour cela il fallait se mettre en rapport avec la résistance polonaise, qui bien qu’insuffisamment armée, était mieux lotie que les résistants du ghetto. Cette démarche s’avéra très incertaine et longue à réaliser, car il n’était pas facile de trouver de bons interlocuteurs. Beaucoup de Polonais ne souhaitaient pas entrer en contact avec les combattants juifs, ils ne les croyaient pas capables de résister aux adversaires bien préparés et bien armés.
Printemps 1942 :aggravation de la situation
La situation va prendre le tour vraiment tragique au printemps1942 quand débuta l’action Reinhard qui prévoyait l’extermination systématique des Juifs et des Roms qui habitaient en Pologne, mais aussi sur le territoire de l’Allemagne, de l’Autriche, de la Slovaquie et de la Bohême-Moravie. Ces populations devaient être acheminées par le chemin de fer vers les camps de la mort, en occurrence Auschwitz, Treblinka, Beɫżec, Sobibor, Majdanek, Cheɫmno. Une telle décision était dans l’air depuis plusieurs semaines, et dès le 8 avril 1942 la résistance polonaise mettait au courant le Gouvernement polonais en exil à Londres, du début de la « solution finale ». En mai, Léon Feiner, dirigeant du Bund[7] adressa un long rapport sur les gazages à Cheɫmno, et la presse britannique dont la BBC répercutèrent cette nouvelle. En juin 1942 le général Sikorski, Chef du Gouvernement en exil, envoya aux Alliés la dépêche suivante : L’extermination de la population juive prend des proportions incroyables ! Les autorités polonaises s’étonnaient même des lenteurs des Alliés, souhaitant des actions militaires, par exemple les bombardements de voies ferrées qui ne sont jamais venus.
Dans le ghetto de Varsovie « la Grande Action » débuta le 22 juillet 1942. Elle durera deux mois, provoquant la déportation de plus de 300000 Juifs. À partir de ce moment, l’idée de résistance armée devient la seule option valable parmi les survivants du ghetto.
Jusqu’à l’été 1942 la population polonaise était restée indifférente, voire hostile à la souffrance des Juifs. Il faut reconnaître que l’occupation allemande était tout particulièrement dure pour l’ensemble du pays. Les Allemands, dès le début de l’occupation, avaient mis en route les assassinats massifs d’intellectuels polonais : hommes politiques, enseignants, savants, écrivains. Les Polonais prêts à aider des Juifs risquaient leur vie, ains que celle de leurs proches[8]. Néanmoins, pendant la guerre, l’antisémitisme s’était renforcé et il y avait pas mal des Polonais qui avaient pu mettre la main sur des biens ayant appartenu aux Juifs. Souvent, les personnes qui arrivaient à s’échapper, se faisaient « racketter » par des Polonais, des szmalcownik qui traquaient les Juifs à la sortie des ghettos, dans la rue, dans les trams et les trains, afin de leur extorquer de l’argent. Souvent, d’ailleurs, ils les dénonçaient…
Zegota ou la Commission d’Aide aux Juifs
Mais après les grandes rafles de l’été 1942, la situation change, car certains Polonais étaient prêts à aider des Juifs, à les cacher. Alors apparaît la Commission d’Aide aux Juifs, connue surtout sous le cryptonyme żegota[9] qui sera officiellement reconnue tant par le gouvernement de Londres que par l’Armée de l’Intérieur (A.K.). La structure la plus importante était établie à Varsovie, deux autres Commissions existant également à Cracovie et à Lvov.
Żegota a été créé grâce à l’initiative de deux femmes, Zofia Kossak-Szczucka et Wanda Krahelska-Filipowicz, qui à titre personnel aidaient les Juifs depuis le début de l’occupation, et qui voulaient avoir une structure officielle, reconnue par le Gouvernement en exil ce qui aurait permis un financement régulier et surtout plus important. Le 16 septembre 1942, Zofia Kossak-Szczucka a publié dans la presse clandestine un appel où nous trouvons les mots suivants : « Au nom de toute la société polonaise, nous protestons contre le crime commis envers les Juifs. On n’a pas le droit de rester passif devant le crime. Qui demeure silencieux devant le crime devient complice de l’assassin. Qui ne condamne pas, acquiesce.»
D’autre part aussi bien Zofia Kossak-Szczucka, écrivain très connue, que Wanda Krahelska-Filipowicz, militante du parti socialiste polonais, avaient des relations personnelles avec des résistants polonais qui recevaient des armes et de l’argent grâce aux parachutages des alliés. Elles voulaient que l’aide pour des Juifs passe par les mêmes canaux « officiels ». Après cette reconnaissance par le gouvernement de Londres, le Joint et le Congrès Mondial Juif ont pu dégager des fonds pour ces actions de sauvetage. De l’initiative personnelle de ces deux femmes naît le mouvement qui regroupa des représentants de plusieurs partis et mouvements polonais et juifs (Parti socialiste polonais, Parti paysan, Parti démocratique, le Bund, le Comité national juif, Organisation Juive de Combat …). Le premier président de l’organisation était Julian Grobelny du Parti Socialiste Polonais, le vice-président Léon Feiner représentait le Bund. Adolf Berman qui a pu se réfugier du côté aryen en septembre 1942 et qui portait alors le nom de Borowski, avait la fonction de secrétaire de Żegota. En tant que tel, il envoyait régulièrement des messages à Londres pour signaler la disparition programmée de la communauté juive. Il avait une autre mission importante : trouver des interlocuteurs au sein de l’Armée de l’Intérieur qui seraient prêts à fournir des armes et des munitions aux combattants du ghetto. Tout au long de l’existence de la Commission d’Aide aux Juifs, la parité entre les représentants polonais et juifs était respectée. Parmi les autres participants il faut signaler Wɫadyslaw Bartoszewski qui sera à plusieurs reprises, dans les années 2000, après la chute du communisme, le ministre des Affaires Étrangères de Pologne.
Żegota s’était donné pour tâche d’aider les Juifs à trouver des papiers, de l’argent, des logements. Une attention particulière était portée au sauvetage des enfants, qui purent être cachés dans des familles polonaises, des orphelinats, des couvents. Il faut ici signaler le rôle d’Irène Sendler et de son réseau d’assistantes sociales, qui opéraient déjà dans le ghetto avant la création de Żegota, en liaison avec le Centos, et qui est devenue responsable de son département de l’enfance. Elle avait réussi à sauver 2500 enfants du ghetto de Varsovie.
L’épopée de la Commission d’Aide aux Juifs est au centre du livre de Basia Berman « Le journal de la clandestinité ». Déjà, avant la guerre, elle avait envie d’écrire, souhaitant laisser un témoignage de la vie communautaire juive en Pologne, alors en pleine mutation. Elle a rempli dix gros cahiers, en yiddish et en polonais, malheureusement brûlés dans le ghetto lors d’un bombardement de l’aviation soviétique en septembre 1942[10]. Un seul cahier nous est parvenu, écrit en polonais, entre mai 1944 et janvier 1945, quand l’auteur se trouvait dans Varsovie assiégée par des Allemands qui systématiquement, rue après rue, détruisaient la capitale polonaise. Les combattants attendaient la venue de l’armée soviétique, tout en la craignant. Ce journal intime a une réelle valeur documentaire, car il décrit la période quand Adolf et Basia étaient très actifs dans la Commission d’Aide aux Juifs. Ce livre n’est pas très connu, il en existe seulement une traduction en hébreu, publiée en 1956 grâce au kibboutz Lohamei HaGeta’ot[11]. D’autre part, Basia Berman y fait souvent des retours en arrière, surtout vers le printemps 1943, ce qui lui donne la possibilité d’évoquer la révolte du ghetto qui a commencé le 19 avril 1943. En été 1944, elle a pu côtoyer les résistants survivants et dans son journal nous retrouvons à plusieurs reprises les noms des dirigeants du żOB[12], surtout Yitzhak Cukierman (« Antek »), Zyvia Lubetkin (« Celina »), Marek Edelman (« Marek »), Simcha Rotem-Rotayser (« Kazik »)[13]. Après la destruction du ghetto, ils se sont réfugiés du côté aryen eten été 1944 ont participé à la révolte de Varsovie.
Le livre de Basia Berman décrit précisément le processus quotidien de ce sauvetage où chaque détail compte, y compris votre tenue qui peut éveiller les soupçons de vos voisins dans le tram, ce qui vous oblige à préférer la marche à pied et à faire des kilomètres dans la journée pour porter des certificats de naissance, des cartes de rationnement, des certificats de mariage, des kennkarte de couleur jaune, qui désignaient les Polonais, des photos d’identité et surtout de grosses sommes d’argent à remettre aux personnes qui se cachaient. Évidemment tous ces documents étaient des faux, car au sein de l’organisation il y avait d’excellents faussaires et leurs documents passaient sans problèmes les différents contrôles, bien nombreux à l’époque. Certains passages du journal sont même écrits avec humour, quand par exemple Basia décrit les tenues qu’elle portait. Il fallait avoir l’air sérieux, digne, mais pas trop riche, pour ne pas tenter des szmalcownik. Elle explique qu’elle avait adopté un chapeau noir avec une voilette ce qui était considérée en Pologne à l’époque comme un signe de deuil. Les gens la regardaient avec sympathie, avaient visiblement pitié de cette jeune « veuve » et elle n’était jamais arrêtée par la police. Mais elle raconte aussi des moments bien plus dramatiques lorsqu’un Polonais avait reconnu Adolf dans la rue en lui criant : Vous êtes Adolf Berman ! Ensuite il avait menacé de le dénoncer aux Allemands. Heureusement Adolf avait une grosse somme d’argent sur lu et il a pu payer une rançon au szmalcownik qui l’a laissé partir et qui a dû se dire qu’il avait trouvé une bonne source de revenus supplémentaires. Le couple a changé immédiatement d’appartement car la poursuite de ce chantage était tout à fait plausible. Adolf, pendant quelques semaines, ne sortit plus, craignant d’être surveillé par ce maître chanteur. Heureusement l’homme n’a pas réussi à le retrouver.
Le 14 janvier 1945 (c’était un dimanche), Basia Berman écrivait les dernières phrases de son journal. Ces ultimes pages sont précisément consacrées à la participation de Simcha Rotem-Rotayser (« Kazik ») aux combats durant la révolte de Varsovie. Son récit n’est pas achevé, elle constate : Je ne peux plus écrire, ma bougie est en train de s’éteindre. Nous entendons le front du côté de la Vistule.
Les Soviétiques entrent dans Varsovie
Trois jours plus tard, le 17 janvier 1945, les troupes soviétiques rentraient dans les ruines de Varsovie.
Pour Basia et Adolf une nouvelle étape de leur vie commençait, tout d’abord en Pologne, ensuite en Israël. Au lendemain de la victoire des Alliés, ils ne pouvaient que constater les pertes énormes de la communauté juive qui a été pratiquement anéantie. Adolf le savait mieux que quiconque car, dans la période 1945-1949, il présidait le Comité des Juifs de Pologne. En 1947 il est élu à la Diète, la chambre basse du parlement polonais. En tant que tel il essayait d’organiser la vie de la communauté, mais bien vite il se rend compte que cela était presqu’impossible. Après le pogrom de Kielce[14] du 4 juillet 1946, quand il arrive dans la ville pour organiser les obsèques des victimes et faire partir des survivants, il décide de mettre en route tous les moyens pour que des Juifs polonais puissent rejoindre l’Occident et la Palestine, encore mandataire. Il put ainsi s’entendre avec les autorités polonaises qui acceptèrent de donner les autorisations d’émigrer aux nombreuses personnes qui souhaitaient quitter la Pologne. De plus, Adolf Berman et Yitzhak Cukierman étaient à l’origine d’une structure semi-clandestine Berihah (l’envol) qui organisait le départ des activistes sionistes en Palestine.
Pendant ces années, Basia put retrouver son travail de bibliothécaire. Grâce à ses efforts, elle put reconstituer à Varsovie une bibliothèque de livres, en yiddish et en hébreu, qui comptait 120000 livres. Une partie de cet ensemble sera transmise à l’Université de Jérusalem.
Cependant, la situation politique en Pologne empirait rapidement. À partir de 1949 il y a une mainmise des communistes sur les organisations communautaires. Rappelons aussi un autre facteur négatif : la pression soviétique devenue omniprésente. Car en Union Soviétique, cette période correspond à une importante vague antisémite, avec une campagne de presse virulente, des arrestations massives, des exécutions même. En Pologne les persécutions furent moins sanglantes, mais les mouvements et les partis non communistes cessèrent d’exister. La même année 1949, Adolf Berman est évincé de son poste, remplacé par un communiste pur et dur, un certain Hersh Smolar.
En 1950, Adolf, Basia et leur fils Emanuel, âgé alors de 4 ans émigrent en Israël. Malheureusement, Basia qui a adopté alors l’orthographe Batya, meurt trois ans seulement après leur arrivée. Les dernières années de sa vie, elle a souffert de la maladie de Parkinson, mais d’après les témoignages de son fils, elle essayait de mener une vie active aussi longtemps que cela lui était possible. En tout cas, elle a appris l’hébreu et même a commencé de travailler dans une bibliothèque municipale de Tel-Aviv.
Adolf Berman s’est acclimaté bien mieux dans le pays où les partis de gauche étaient alors bien représentés. Entre 1951 et 1955 il était l’un des 15 élus du parti Mapam à la Knesset.
Il a été Président des combattants antinazis en Israël et membre de l’Organisation mondiale des partisans juifs et anciens prisonniers nazis. En tant que tel, en 1961 il a déposé devant la Cour pendant le procès Eichmann. Mais il se voyait surtout comme le témoin d’un passé tragique : ainsi il a joué un rôle important dans les travaux du mémorial de Yad Vashem comme dans la construction du musée des Combattants du ghetto qui se trouve au kibboutz Lohamei HaGetaot (gfh.org). Il leur a confié le manuscrit de sa femme ainsi que ses propres archives réunis pendant la guerre.
Adolf Berman est mort à Tel-Aviv en 1978. AS♦
Ada Shlaen, mabatim.info
[1] https://mabatim.info/2017/05/18/le-zoo-de-la-liberte/
[2] « Le journal du travailleur »
[3] Aussi incroyable que cela puisse sembler, les liaisons postales entre le ghetto de Varsovie et l’extérieur se sont maintenues jusqu’en 1942. Dans le ghetto il y avait 8 boîtes aux lettres et on pouvait envoyer des cartes postales prépayées à l’étranger, p.ex. en Suisse. L’historien E. Rigenblum envoyait à son ami Raphaël Mahler des cartes postales avec des descriptions tout à fait transparentes de la famine et des épidémies.
[4] Son prénom juif était Abraham.
[5] C’est grâce à cette organisation que Janusz Korczak put réaliser son orphelinat après la 1ère guerre.
[6] Le titre signifie Appel, deux numéros ont pu sortir.
[7] Le Bund =L’Union générale des travailleurs juifs de Lituanie, de Pologne et de Russie) qui joua un rôle très important, surtout en Pologne jusqu’au début de la seconde guerre mondiale.
[8]On estime que près de 1000 personnes ont été fusillées, car elles ont tenté d’aider des Juifs.
[9] Zegota (on prononce « jegota ») Ce cryptonyme était emprunté à un personnage de la pièce les Aïeux d’Adam Mickiewicz, le grand poète polonais.
[10] Fin août –début septembre 1942 (c’est-à-dire juste pendant les grandes rafles), l’aviation soviétique a bombardé Varsovie, plusieurs bombes sont tombées sur le ghetto.
[11] Lohamei HaGeta’ot ce kibboutz a été fondé le 19 avril 1949 par les membres survivants de l’Organisation Juive de Combat., Yitzhak Cukierman (« Antek ») et Zyvia Lubetkin (« Celina ») y ont vécu pendant de longues années.
[2] « Le journal du travailleur »
[3] Aussi incroyable que cela puisse sembler, les liaisons postales entre le ghetto de Varsovie et l’extérieur se sont maintenues jusqu’en 1942. Dans le ghetto il y avait 8 boîtes aux lettres et on pouvait envoyer des cartes postales prépayées à l’étranger, p.ex. en Suisse. L’historien E. Rigenblum envoyait à son ami Raphaël Mahler des cartes postales avec des descriptions tout à fait transparentes de la famine et des épidémies.
[4] Son prénom juif était Abraham.
[5] C’est grâce à cette organisation que Janusz Korczak put réaliser son orphelinat après la 1ère guerre.
[6] Le titre signifie Appel, deux numéros ont pu sortir.
[7] Le Bund =L’Union générale des travailleurs juifs de Lituanie, de Pologne et de Russie) qui joua un rôle très important, surtout en Pologne jusqu’au début de la seconde guerre mondiale.
[8]On estime que près de 1000 personnes ont été fusillées, car elles ont tenté d’aider des Juifs.
[9] Zegota (on prononce « jegota ») Ce cryptonyme était emprunté à un personnage de la pièce les Aïeux d’Adam Mickiewicz, le grand poète polonais.
[10] Fin août –début septembre 1942 (c’est-à-dire juste pendant les grandes rafles), l’aviation soviétique a bombardé Varsovie, plusieurs bombes sont tombées sur le ghetto.
[11] Lohamei HaGeta’ot ce kibboutz a été fondé le 19 avril 1949 par les membres survivants de l’Organisation Juive de Combat., Yitzhak Cukierman (« Antek ») et Zyvia Lubetkin (« Celina ») y ont vécu pendant de longues années.
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