Ce 6 mai, c'est la Journée internationale sans régime ou "No diet day". Elle a été initiée en 1992 par une diététicienne, Mary Evens Young, une ancienne anorexique, après avoir visionné une émission sur la chirurgie de l'obésité. Cette journée invite à réfléchir à la dictature de la minceur et à informer le public des dangers des régimes.
On le sait tous, même inconsciemment: faire régime, ce n'est pas anodin. Pourtant, à chaque kilo de trop, avant un grand événement, des vacances, l'été et les bikinis, on ne peut s'empêcher d'y penser, voire de passer à l'acte. " Nous sommes prisonniers d'une image idéale et sommes prêts à infliger à notre corps les pires tyrannies pour ressembler aux silhouettes des magazines car la mode, et ses diktats, est particulièrement contraignante. Mincir est l'obsession la plus partagée de la planète ”, explique la psychothérapeute Michèle Freud, auteur de nombreux bouquins sur le sujet.
Pourquoi reprend-t-on toujours du poids?
Le fameux effet du yo-yo... C'est ce coup au moral, mais aussi au physique, la mauvaise blague après la fierté d'avoir perdu du poids, de s'être tant privé... pour rien. Pourquoi? Car la cellule adipeuse se comporte comme " un ballon de baudruche " : "elle ne disparaît pas lorsqu'on mange moins, elle diminue seulement de volume mais va grossir plus vite dès qu'on reprend une alimentation normale ", explique Jocelyne Raison, médecin nutritionniste.
"U n régime, c'est l'assurance de prendre du poids et de pouvoir encore moins le perdre et le stabiliser à terme , explique aussi Vincent Gerbault, diététicien nutritionniste et responsable de la communication au G.R.O.S, Groupe de réflexion sur l'obésité et le surpoids. C'est l'effet yoyo ascendant bien connu des patients qui nous sollicitent. Prescrire un régime, c'est accompagner le patient vers l'échec annoncé de son projet à long terme et l'assurance d'affecter durablement son comportement alimentaire " ( lire ici ).
Pourquoi faire régime ne sert à rien?
Même si on estime avoir deux ou trois kilos à perdre, les régimes alimentaires restrictifs sont déconseillés. " Notre corps est un mécanisme complexe avec des régulateurs multiples, (...) il est programmé pour résister au manque sur le long cours ", explique le Dr Marie Thirion, auteur de "Pourquoi j'ai faim" (Albin Michel). Et s'ils sont inefficaces, c'est parce que le corps s'adapte trop vite: " Le fait de maigrir transforme le corps " et entraîne des " modifications hormonales et cérébrales ", " ce qui explique pourquoi il est si difficile de ne pas reprendre du poids après un régime ", ajoute-t-elle.
Quel impact sur nos muscles?
Vous vous pesez, vous êtes fier d'avoir perdu le premier kilo. Ne vous emballez pas, le régime fait d'abord fondre les muscles, vu qu'ils brûlent plus d'énergie. Du coup, lorsqu'on se met à reprendre une alimentation « normale », c'est le revers de la médaille. Le corps a besoin de moins d'énergie tant que les muscles ne se sont pas reconstitués, d'où la prise de poids « à ration égale ».
La solution: l'éducation?
Depuis 50 ans, " Nous mangeons globalement autant que nos grands-parents qui n'étaient pas sédentaires ", souligne le Dr Thirion. Et c'est sans compter le type de nourriture industrielle qui a envahi les supermarchés. C'est donc dès la petite enfance qu'il faut intervenir avec une alimentation équilibrée et de l'exercice physique, et "cesser de penser que dès qu'un bébé pleure, il a forcément faim ", ajoute-t-elle.
"Mangez conscient", prônent de leur côté l a diététicienne Charlotte Angenot et la coach Anne-Sophie Grisar de Weight Watchers : "Prenez un temps suffisant pour manger et allez vous asseoir tranquillement quelque part où vous n’êtes pas distrait. Ne mangez pas trop vite, car le sentiment de satiété n’apparaît qu’après 20 minutes. Dégustez surtout la première bouchée. Appréciez la structure, le goût et l’odeur de vos aliments et mâchez-les au moins 30 fois. Des études ont montré que les premières bouchées sont les plus savoureuses et vous procurent un sentiment de satisfaction."
Traiter la cause, pas les kilos
Des tas de causes peuvent être à l'origine d'une prise de poids, comme le stress, un manque de sommeil. Dans ce cas, " il faut traiter la cause au lieu de se focaliser sur les kilos ", relève le Dr Raison. L'obésité est une maladie et les traitements passent par des prises en charge multidisciplinaires, telles que la chirurgie, des médicaments, un accompagnement psychologique, des prescriptions diététiques et des exercices physiques. Vincent Gerbeaut préconise "regarder son comportement alimentaire,s'interroger sur l'accord entre sa vie et ses propres valeurs, ses accidents de vie, ses souffrances passées et actuelles. Revenir aux fondamentaux, pourquoi mange-t-on ? Et peut être pousser la porte d'un professionnel formé à la prise en charge non restrictive et à l'accompagnement des personnes en souffrance avec leur poids ."
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire