Lorsqu’une trêve, fût-elle de pacotille, fut proclamée entre les deux parties, les media français décidèrent de parler des deux jours extra-ordinaires vécus par l’Etat hébreu et la population gazaouie.
Moi, j’avais pu vérifier, tout au long de ce qui pour nous est le week end et pour les israéliens la fin du shabbat et puis le premier jour de la semaine, que les dépêches mentionnant cet épisode de guerre étaient quasi inexistantes.
Pour suivre, il fallait avoir des relais israéliens et palestiniens. Tout journaliste désireux de relayer l’info avec la rigueur qui sied peut aisément accéder à cette info : de Gaza New Agency au site de Tsahal en passant par pléthore d’autres, nulle entrave à l’info. Au croisement de l’info. Après, il s’agit de relayer les faits. De choisir ses mots. Bientôt son camp…
Le mien se veut objectif : je peux écrire pour un media juif et porter la critique sur Israël. L’exercice coûtera des followers en nombre mais ceux qui restent savent pourquoi.
Au début des tirs, j’avais parlé… de routine. Il en fut pour n’avoir point vu l’ironie. Pourtant… tout était posé. Le décor planté. A Gaza, dès les premières heures, cette photo d’une ville ruinée, mais désormais mise à sac plus par un Hamas sans foi ni loi que par la guerre faisait montre des tirs israéliens, mais prêtait presque à rire tant c’en était prévisible : un vélo d’enfant, jeté à terre, comme abandonné, là, au milieu des pierres.
On attendait la suite.
Quand donc allait sortir le prénom et l’âge de cet ange, cet innocent, auquel ces salauds d’israéliens auraient ôté la vie.
Il fallut attendre. Juste quelques heures.
L’instant arriva : Tsahal était décidément une armée éminemment monstrueuse puisqu’il s’agissait cette fois d’une fillette de quelques mois, retrouvée morte en sa maison aux côtés de sa maman enceinte, et d’une jeune sœur gravement touchée.
Un communiqué officiel eut à peine le temps de déclarer que ses soldats n’avaient pas touché cette maison que tous les media avaient déjà titré sur … l’infanticide.
Mais ne voilà-t-il pas qu’un media dont je savais depuis longtemps l’intégrité tweeta et titra, exonérant Israël de ce énième forfait : la fillette et sa mère avaient été frappées par des tirs des hommes du Hamas. L’agence Gaza News Agency précisa qu’une roquette du Hamas, et non un F16 israélien, était responsable de la mort de Falastin Abu Arar, 37 ans, enceinte, et de celle de son bébé de 14 mois, Saba : Nous n’avons pas besoin de mentir dans notre guerre contre les sionistes. Saba Abu Erar, 14 mois, a été tué par une roquette du Hamas – pas par un F16 israélien. Quand vous mentez, vous blessez notre cause. Vous détruisez notre crédibilité.
Gaza News Agency. Je redis son nom tant l’intégrité en la matière se fait rare.
Tant le systématisme est de mise concernant Israël. Tant devient banale et choquante l’extrême attention accordée à la chose. Israël guetté. Désigné coupable. Cet enfant de 8 mois assassiné le dimanche de Pâques dans une église sri-lankaise n’était pas devenu viral sur les réseaux sociaux. Les enfants qui mouraient au Yémen ou en Syrie valaient moins, eux aussi, en termes de buzz : ils n’avaient pas été tués par l’Etat hébreu.
L’affaire de l’enfant passée, on put reprendre tout ça et s’amuser, ou s’exaspérer, voire s’indigner, de la manière dont fut traitée l’info : en France, ce fut notre PR qui, oublieux de tous ses manques dont la liste n’en finissait pas de s’allonger, voulut donner son avis qu’il imagine attendu et crucial, et, désireux de ménager la chèvre et en même temps le chou, dans l’impossibilité qu’il se trouvait cette fois de condamner une riposte disproportionnée de l’Etat hébreu, se fendit d’un communiqué dont il aurait dû s’abstenir.
Le temps de la masturbation intellectuelle arriva à son tour. L’armée israélienne aurait aussi répliqué à une attaque informatique, une première qui soulevait des questions, titra celui-là… What ! C’est que jamais à ce jour un Etat n’avait revendiqué ainsi l’emploi de la force militaire traditionnelle pour répondre à une cyberattaque ! Et voilà Tsahal qui s’y frottait ! Pour la première fois pendant des hostilités, le Hamas a essayé de lancer une attaque dont l’objectif était de perturber la qualité de vie des Israéliens. Nous ne souhaitons pas en dire davantage, précisa Jonathan Conricus, porte-parole de l’armée israélienne : Nous avons décidé d’attaquer physiquement l’infrastructure concernée.
C’en était trop ! Voilà les états-majors des armées et les juristes spécialisés discutant de la légalité d’une telle riposte, laquelle répondait donc, par les moyens classiques de la guerre, à une attaque informatique !
Eh bien, même là, ça n’allait pas : une doctorante en droit international public s’étonna qu’on ne fût plus dans un cas de parallélisme des moyens, où l’on répliquait par une attaque informatique à une attaque informatique. Israël avait encooore triché ! Parce que, figurez-vous, en théorie, une attaque informatique pouvait tout à fait justifier une contre-attaque physique, si cette dernière s’inscrivait dans le cadre de la légitime défense. Et là, les 3 conditions requises pour que le droit pût admettre la chose ne semblaient pas réunies ! l’immédiateté, la nécessité et la proportionnalité, comme nous expliqua François Delerue, chercheur à l’Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire : Le Hamas menait bien de nombreuses activités hostiles dans le cyberespace, mais ces dernières demeuraient relativement modestes, bien en deçà de ce qui justifierait une frappe aérienne…
Ainsi, on le comprit tous ainsi : il fallait que les activités hostiles fussent immodestes pour qu’il fût considéré acceptable de s’en défendre.
Cabu, Charb, Honoré, Tignous, Wolinski … Nos confrères n’ont pas compris que ceux qui vous avaient assassinés étaient les frères de ceux qui tiraient sur des populations civiles, en Israël, et partout dans le monde. Qu’ils soutenaient, par leur prudence teinte de lâcheté, la peste et le fascisme, et faisaient qu’en somme, vous seriez morts … pour rien…
Elsa, Bernard, Franck, Mustapha, Michel, vous étiez là au mauvais moment.
Et puis, il faut le dire. Le répéter. Ça concerne Israël ! Israël, ce camp de concentration à ciel ouvert qui tue les amis de Mohamed Kacimi et Leïla Shahid !
Qu’importait que des roquettes fussent tirées à la frontière et qu’importait que cette fois il y en eût 700 ?
Qu’importe si désormais le monde entier vit sous la coulpe du Djihad islamique…
Qu’importe si le Hamas crie victoire devant ce que certains appellent une nouvelle redditionaux organisations terroristes.
Qu’importe si chacun sait que sans solution politique à long terme, ce que mes confrères appellent poétiquement escalade, flambée de violence ou pluie de roquettes recommencera.
Puisque s’il fallait à l’évidence une combinaison de force militaire dure contre le terrorisme, il apparaissait chaque jour un peu plus qu’on ne voyait décidément pas l’ombre d’une telle initiative politique visant unanimement à cibler ceux qu’Aviv Kohavi, chef d’État-major de Tsahal, appelait l’armée de terreur.
Puisque définitivement on n’en trouvait pas un qui jugeât intolérable que la vie d’un pays entier fût arrêtée selon le bon vouloir islamiste. Que l’école fût fermée. Les plages interdites. Et que chacun disposât de vingt secondes pour courir à l’abri.
Certains se risquèrent à parler de réponse inédite des autorités israéliennes : ils ne pouvaient pas, cette fois, user du qualificatif coutumier et parler de riposte disproportionnée. 700, c’était le Sans dot de Molière. Et même le recours aux assassinats ciblés passa sous un silence gêné.
Vendredi, ce sera à nouveau la marche du retour. Comme chaque vendredi. Depuis le 30 mars 2018. Que se passera-t-il cette fois. Le Hamas, escorté du Jihad islamique, orchestreront à nouveau tout ça. Ces frères de haine qui tenaient salon dans le quartier de Rimal se seront installés ailleurs. Et la routine reprendra. Puisqu’il en est encore pour renvoyer dos à dos les terroristes et l’Etat hébreu. Pour proclamer encore le droit des Israéliens comme des Palestiniens à vivre en paix. Le Quai d’Orsay le disputera à la veulerie d’un PR et de media asservis, tous réunis dans leur embarras à dénoncer et nommer l’agresseur. Tous éminemment lâches pour soutenir le droit d’Israël de se défendre.
Cabu, Charb, Honoré, Tignous, Wolinski, Myriam, Arié, Gabriel, Abel, Loïc qu’ils laissèrent paralysé à vie, et Vous tous, anonymes, qu’ils tuèrent ou estropièrent…
Nous continuerons. Nous répéterons que les terroristes des Twin Towers, de Charlie, d’Hypercacher, du Bataclan, du Musée juif de Bruxelles, du Sri Lanka ou de Gaza furent tous les cibles des mêmes bourreaux, de la même idéologie mortifère. Qu’ils furent tous massacrés par des barbares usant de méthodes que n’auraient pas désavouées les pires nazis, qu’il s’agît de détournements d’avions, d’attentats suicides, d’attaques à la voiture bélier ou à l’arme blanche, quand ils ne vous auront pas brûlés vifs ou défenestrés. Au nom de la religion de paix et d’amour que l’on sait.
Cabu, Charb, Honoré, Tignous, Wolinski, Myriam, Arié, Gabriel, Abel, Loïc qu’ils laissèrent paralysé à vie, et Vous tous, anonymes, qu’ils tuèrent ou estropièrent…
Nul n’appelle en votre nom à une mobilisation internationale pour éradiquer définitivement cet ennemi commun.
Cabu, Charb, Honoré, Tignous, Wolinski, Myriam, Arié, Gabriel, Abel, Loïc qu’ils laissèrent paralysé à vie, et Vous tous, anonymes, qu’ils tuèrent ou estropièrent…
Vous dont les morts orchestrées auraient dû, au regard du droit international, être à l’origine d’une force militaire unique lancée contre une police capable de tirer à balles réelles sur des manifestants osant protester contre la pénurie organisée par le Hamas.
Cabu, Charb, Honoré, Tignous, Wolinski, Myriam, Arié, Gabriel, Abel, Loïc qu’ils laissèrent paralysé à vie, et Vous tous, anonymes, qu’ils tuèrent ou estropièrent…
Antonio Guterres a condamné les frères de ceux qui vous assassinèrent, pendant que notre Président se paie de mots, renvoyant dos à dos agresseurs et agressés, terroristes et victimes, djihadistes et civils.
Cabu, Charb, Honoré, Tignous, Wolinski, Myriam, Arié, Gabriel, Abel, Loïc qu’ils laissèrent paralysé à vie, et Vous tous, anonymes, qu’ils tuèrent ou estropièrent… Je crains que vos morts n’aient servi de rien.
Faudra-t-il que ça arrive ici. Que nous nous réveillions souventes fois pour courir aux abris. Que nous expliquions à nos touts petits qu’il n’y aurait pas école aujourd’hui ni demain. Parce que des terroristes islamistes l’auront décrété ainsi.
Sarah Cattan
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