- « Par Allah, même s'il ne restait qu'un centime en caisse, cet argent irait aux familles des martyrs et des prisonniers ; et seulement après nous veillerions aux intérêts du reste de la population. » - Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne, Palestinian Media Watch, le 24 juillet 2018.
- Dans le « reste de la population », on trouve non seulement les fonctionnaires de l'Autorité palestinienne, mais aussi les malades. Abbas a décidé de punir ces patients en les privant de traitement médical en Israël.
- La décision de l'Autorité palestinienne d'empêcher les patients palestiniens d'aller se faire soigner en Israël ne s'applique pas aux hauts responsables palestiniens.
L'Autorité palestinienne (AP) a décidé que les Palestiniens n'iront plus se faire soigner en Israël. En mars dernier, le ministère de la Santé de l'Autorité palestinienne à Ramallah, capitale de facto des Palestiniens de Cisjordanie, a annoncé qu'il n'honorerait plus les factures des hôpitaux israéliens qui prennent en charge les Palestiniens. L'AP a promis aux patients palestiniens que des alternatives seraient mises en place dans les hôpitaux privés et publics.
L'Autorité palestinienne a justifié sa décision par les retenues que le gouvernement israélien opère sur les recettes fiscales qu'il perçoit pour le compte des Palestiniens, et dont le montant correspond exactement aux « salaires » que l'Autorité palestinienne verse aux familles de prisonniers et de « martyrs ».
Une nouvelle loi israélienne autorise en effet le gouvernement à sanctionner au plan financier l'Autorité palestinienne à hauteur du « Payer pour Tuer » institué par les Palestiniens. Toutes les personnes qui attaquent des Israéliens au couteau ou à la voiture bélier savent qu'elles risquent leur vie, mais elles savent aussi que leurs familles seront rémunérées à vie par l'Autorité palestinienne.
En 2018, l'AP aurait déboursé pas moins de 502 millions de shekels [125 millions d'euros] en salaires et paiements pour les terroristes emprisonnés et les détenus libérés.
Cette somme se décompose comme suit : 230 millions de shekels [58 millions d'euros] pour les prisonniers terroristes, et 176 millions de shekels [44 millions d'euros] pour les terroristes sortis de prison. Les 96 millions de shekels restants [24 millions d'euros] couvrent des primes et avantages divers accordés aux terroristes et à leurs familles.
Les retenues israéliennes n'ont pas gêné les terroristes et leurs familles qui ont continué de percevoir la totalité de leur rémunération. Les seuls à avoir fait les frais des ponctions israéliennes ont été les dizaines de milliers de fonctionnaires palestiniens qui, depuis trois mois, ne perçoivent plus que 50% à 60% de leur salaire.
Au nom du gouvernement palestinien, le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, s'est engagé à maintenir l'assistance aux terroristes et à leurs familles, dût-il y consacrer son dernier sou. « Nous n'accepterons pas la moindre réduction, et encore moins l'annulation des salaires des familles des martyrs et des prisonniers, comme certains essaient de nous y contraindre », a déclaré Abbas. Dans une autre déclaration, Abbas aurait ajouté : « Par Allah, même s'il ne restait qu'un centime en caisse, il irait aux familles des martyrs et des prisonniers ; le reste de la population ne viendrait qu'ensuite ».
Dans ce « reste de la population » on trouve les employés de l'Autorité palestinienne, mais aussi les patients en cours de traitement. Les soins que les Palestiniens sont autorisés à recevoir en Israël ne seront plus financés.
Osama al-Najjar, porte-parole du ministère de la Santé de l'AP, a déclaré qu'en raison des ponctions opérées par les Israéliens sur les recettes fiscales de l'AP, l'AP cesserait de régler aux hôpitaux israéliens le coût des traitements des patients palestiniens. Ces transferts financiers ont été évalués par Al-Najjar à environ 100 millions de dollars par an.
Le journaliste palestinien Fathi Sabbah a estimé que la décision du ministère de la Santé palestinien était « erronée, précipitée et inconsidérée ». Aucun traitement alternatif ne peut être aujourd'hui proposé indique Sebbah qui précise que « les traitements que les patients palestiniens vont chercher en Israël ne sont pas disponibles dans les hôpitaux palestiniens. Le non remboursement met donc leur vie en danger. Il s'agit là d'un choix lourd de conséquences ».
Sabbah a ajouté qu'envoyer ces patients dans les hôpitaux de Jordanie et d'Égypte augmenterait leurs souffrances. Un grand nombre de patients, a-t-il dit, sont en cours de traitement en Israël et forcément, en Jordanie et en Égypte, un nouveau traitement leur sera prescrit.
« Les hôpitaux jordaniens et égyptiens ne s'inscriront pas dans la continuité des traitements initiaux et les patients seront obligés de revenir au point de départ et de subir de nouveaux examens médicaux », a ajouté M. Sabbah .
« Cela implique des souffrances supplémentaires pour les patients et des dépenses supplémentaires pour le gouvernement palestinien. De plus, les patients auront à souffrir de longues heures de voyage en Égypte et en Jordanie. Il faut deux à trois jours pour aller de la bande de Gaza au Caire, et trois ou quatre jours pour revenir du Caire.
Les patients atteints de cancer devront voyager une semaine entière pour une dose de chimiothérapie, alors que le même traitement en Israël ne nécessite que quelques heures ou une journée de voyage au pire. »
Toutefois, la décision de l'Autorité palestinienne ne s'applique pas aux hauts responsables palestiniens.
La semaine dernière, Jibril Rajoub, haut responsable du Fatah, la faction au pouvoir en Cisjordanie, a été admis à l'hôpital Ichilov, le plus grand centre de soins intensifs d'Israël. Rajoub, qui dirige la Fédération palestinienne de football et a été emprisonné 17 ans en Israël pour terrorisme, a été conduit en urgence à Ichilov malgré l'interdiction faite aux patients palestiniens d'aller se faire soigner en Israël.
Au moment même où les équipes médicales israéliennes d'Ichilov donnaient le meilleur d'elles-mêmes pour sauver Rajoub, ce même responsable palestinien a envoyé une lettre aux fédérations de football européennes et espagnoles pour exiger que l'Atletico Madrid annule un match amical d'après-saison avec une équipe israélienne de Jérusalem. « Nous ne sommes pas contre le fait de jouer en Israël, mais pas à Jérusalem occupée », a écrit Rajoub. Ce même Rajoub a omis de mentionner que le stade Teddy, où le match doit avoir lieu le 21 mai, se situe à Jérusalem-Ouest.
Peu avant son admission à l'hôpital Ichilov, Rajoub a aussi appelé les Arabes et les musulmans à « mettre fin à toute forme de normalisation sportive avec Israël ».
Rajoub n'est pas le premier – ni sans doute le dernier - haut responsable palestinien à se faire soigner dans les meilleurs hôpitaux israéliens. En 2017, le secrétaire général de l'OLP, Saeb Erekat, celui-là même qui a accusé Israël de « génocide », a été admis au Beilinson Medical Center d'Israël après avoir subi une greffe du poumon aux Etats - Unis.
Les questions médicales révèlent toute l'hypocrisie des dirigeants palestiniens.
Ils ne manquent jamais une occasion de diffamer Israël, mais lorsqu'ils tombent malades, c'est en direction des hôpitaux israéliens qu'ils se ruent, sachant que les traitements de pointe qui y sont pratiqués sont absents de la plupart des établissements médicaux du Moyen-Orient.
Ils savent que ce n'est pas en Égypte ou en Jordanie qu'ils recevront le meilleur traitement possible.
Il est extrêmement dérangeant que les dirigeants palestiniens jouent ainsi avec la vie et la santé de leur population. Une fois de plus, les dirigeants palestiniens règlent des comptes personnels en mettant en danger la vie de patients dont la seule faute est de ne pas faire partie du club ; le club des personnes dont les proches occupent des postes à responsabilité au sein de l'Autorité palestinienne, seule condition pour recevoir un traitement adéquat en Israël.
Bassam Tawil est un arabe musulman basé au Moyen-Orient.
https://fr.gatestoneinstitute.org/14228/dirigeants-palestiniens-punissent-patients
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