LPH a demandé son opinion au député français Meyer Habib, qui arrive à allier harmonieusement son patriotisme et son amour de la France avec un sionisme ardent et le défense inconditionnelle de l’Etat d’Israël.
LPH : Comment qualifieriez-vous les relations actuelles entre la France et Israël ?
Meyer Habib : Ces derniers mois, la situation se dégrade. Cela m’inquiète et m’attriste. Dernier épisode en date : les déclarations scandaleuses de Gérard Araud, ancien ambassadeur de France à Washington – et en Israël – qualifiant Israël d’Etat « apartheid ». Aucun démenti officiel côté Ministère des Affaires étrangères. Quelques jours plus tôt, c’était le Président de la République qui adressait officiellement au cabinet israélien la demande invraisemblable de verser à l’Autorité palestinienne les 130 millions de dollars annuels qui financent les pensions aux familles de terroristes ! Mahmoud Abbas leur attribue une prime à la terreur de 3.500$ par famille et par mois et la France approuve indirectement ! Alors que 262 Français sont morts ces dernières années dans des attentats terroristes, que deux soldats viennent de mourir en héros contre des djihadistes au Bénin, la France n’a-t-elle rien de mieux à faire que plaider pour Abou Mazen, négationniste notoire, et sa politique de terreur ? Tout récemment encore, alors que des centaines de roquettes étaient lancées sur les populations civiles du sud d’Israël, la France a quasiment renvoyé dos à dos la légitime défense d’Israël et la stratégie terroriste des Hamas et Jihad islamique, comme elle l’a fait, quand Israël protégeait sa frontière face aux assauts des Islamistes palestiniens. Rien ne change. La vieille politique pro-arabe du Quai d’Orsay est bien dominante! Pourtant, souvenez-vous, le début du quinquennat Macron laissait espérer un changement. À peine élu, le Président de la République avait convié Benyamin Netanyahou aux commémorations de la Rafle du Vél’ d’Hiv’, prononcé un discours très émouvant et appelé le Premier ministre israélien « cher Bibi ». Mais les actes ne sont pas au rendez-vous et la France continue notamment à voter des résolutions anti-israéliennes à l’UNESCO. La doctrine du Quai d’Orsay s’appuie sur une fausse équation « les territoires contre la paix ». La vérité est qu’aujourd’hui – comme hier ! – les Palestiniens refusent l’existence d’un État juif en Israël dans quelques frontières que ce soit. La « Hitnatkout » a été un échec cuisant ! Imaginez un instant qu’après Gaza, on ait un nouveau « Hamastan » en Judée-Samarie à quelques kilomètres de la Knesset et de l’aéroport Ben Gourion ! La France doit comprendre que jamais Israël ne reviendra aux frontières 67.
LPH : Que pensez-vous de l’attitude du Président Macron pendant les élections israéliennes ?
Meyer Habib : Député d’opposition, j’entretiens néanmoins de bonnes relations avec le Président de la République, qui comprend mon attachement viscéral à Israël et connaît ma proximité avec le Premier ministre Netanyahou. Jusqu’à présent, par-delà des divergences sur le fond, les relations entre les deux hommes étaient bonnes sur le plan personnel, empreinte de respect et de confiance. Dans ce contexte, j’ai été surpris et déçu que le Président de la République reçoive à l’Elysée Yaïr Lapid, opposant acharné à Benyamin Netanyahu, à 4 jours des élections législatives en Israël. Cette ingérence inamicale dans les affaires intérieures israéliennes est contraire aux usages entre pays amis. Imaginez-vous la réaction d’Emmanuel Macron si dans trois ans, Netanyahu, accueille en tête-à-tête à Jérusalem, entre les deux tours, l’adversaire d’Emmanuel Macron à la présidentielle…! Était-ce un signal à la gauche et à l’électorat arabo-musulman à l’approche des élections européennes? J’ai décidé d’écrire au Président de la République et lui en parlerai quand je le verrai.
LPH : Êtes-vous soutenu à l’Assemblée nationale dans votre combat?
Meyer Habib : Les parlementaires qui affichent ouvertement leur proximité avec Israël sont plutôt rares. Je suis député français, juif, viscéralement sioniste et je l’assume. Longtemps, nous avons été, avec quelques-uns très seuls, dans ces combats mais j’y travaille et les choses évoluent. À droite en particulier, de plus en plus de politiques comprennent que la France et Israël partagent les mêmes valeurs, les mêmes intérêts et appartiennent au même camp face à l’Islam politique. De plus en plus de députés souhaitent visiter Israël, État petit par la taille mais géant militaire, technologique et politique. Depuis 2014, ce sont des dizaines d’élus que j’ai reçus en Israël. Ils ont découvert une démocratie vibrante, où chaque citoyen, qu’il soit juif, arabe, druze ou chrétien possède les mêmes droits. Tous sont impressionnés par le modèle israélien de lutte antiterroriste, sans doute le meilleur au monde, et le dynamisme de la « start-up nation ». Pour n’en citer que quelques-uns, sont venus ces dernières années Christian Estrosi, Valérie Pécresse, Claude Goasguen, Eric Ciotti, Guillaume Larrivé mais aussi Bruno Le Maire, Sébastien Lecornu ou Franck Riester. Et beaucoup d’autres, la série est en cours. Je ne désespère pas. A quelques rares exceptions, comme le député de Sarcelles François Pupponi, la gauche reste animée par une véritable obsession anti-israélienne. Je ne parle pas, hélas, seulement de l’extrême-gauche, prête à toutes les compromissions avec les Islamistes, mais aussi certains LREM, qui reprenne de plus en plus le chapelet antisioniste pour séduire l’électorat arabo-musulman. Imaginez que LREM a placé en position éligible aux élections européennes du 26 mai l’antisioniste notoire Pascal Durand. Pour ma part, fidèle à ma famille politique, j’appelle à voter Les Républicains ou UDI.
LPH : Quels sont les domaines où les relations bilatérales sont les plus fertiles?
Meyer Habib : La relation bilatérale se développe dans une large diversité de domaines allant de la lutte antiterroriste à l’économie en passant par la recherche scientifique ou la culture. Par-delà les divergences politiques, la coopération sécuritaire fonctionne bien. Ainsi, en juillet 2018, les services anti-terroristes français ont pu déjouer, grâce à des renseignements fournis par le Mossad, un attentat meurtrier contre la résistance iranienne à Villepinte (93), fomenté par la République islamique. Les exemples de ce type sont légion. Je suis très fier des 160.000 Français d’Israël qui font vivre la culture et la langue françaises en Israël à travers médias, associations, spectacles, librairies et yeshivot francophones. En France, la communauté juive joue aussi un rôle essentiel dans le développement des échanges entre les deux pays.
LPH : Êtes-vous plutôt optimiste ou pessimiste sur l’évolution des relations entre les deux pays?
Meyer Habib : Alors qu’il vient de fêter ses 71 ans, Israël n’a jamais été aussi fort que ce soit sur le plan militaire, économique, politique, intellectuel ou moral. Le Premier ministre Netanyahu entretient des relations étroites avec tous les grands de ce monde qu’il s’agisse tout d’abord du Président Trump mais aussi Poutine, l’indien Modi ou le chinois Xi Jinping. Sous l’égide du Président Bolsonaro, le Brésil a reconnu Jérusalem capitale d’Israël et même Neymar, le footballeur le plus populaire du monde, a envoyé un message amical à « Bibi », le Premier ministre israélien. Les échanges se développent avec l’Afrique et l’Amérique latine et les principaux pays arabes sunnites établissent des liens avec Israël. La paix, la vraie, se rapproche. Dans ce contexte, la France est à contre-courant. Le monde change et nous regardons le train passé avec notre même logiciel diplomatique périmé. Aujourd’hui, la France perd de son crédit sur la scène moyen-orientale, où elle tente par ailleurs désespérément de sauver le mauvais accord sur le nucléaire iranien. Sur le plan intérieur, la France est en crise. En témoigne la montée de l’antisémitisme et son nouveau nom, l’antisionisme. Islamistes, extrême-gauche et ultra-droite se retrouvent dans leur détestation d’Israël. Douze Français juifs ont été tués depuis 2003 et moi-même, député, je suis la cible constante de menaces de mort et d’insultes et vît sous protection… Par-delà les grands discours, les actes se font attendre. Nous verrons bien dans les semaines à venir si le gouvernement accepte vraiment de façon claire d’intégrer la haine d’Israël dans la définition de l’antisémitisme. On y travaille. Cependant, je veux rester optimiste. Les liens qui unissent Israël à la France sont des liens forts et anciens. N’oublions jamais que la France fût l’un des premiers pays à reconnaître l’État d’Israël et lui apporter son soutien, notamment militaire. Que c’est la France qui a transféré la technologie nucléaire à Israël grâce notamment aux efforts de Shimon Peres z »l. Pour toutes ces raisons et beaucoup d’autres, je veux croire en l’avenir de l’amitié franco-israélienne.
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