Dix mois après sa panthéonisation, Laure Adler consacre une semaine spéciale à Simone Veil et invite Sandrine Bonnaire à lire à l’antenne des extraits de son autobiographie, « Une vie ». Retrouvez-les réunis ici.
La jeunesse
Simone Veil raconte son enfance à Nice, au milieu des livres, avec sa famille et ses amies chez les éclaireuses. Pendant ces années-là, l’Europe voit la montée du nazisme, puis le début de la Seconde Guerre mondiale, les premières déportations de Juifs en Allemagne, puis en France l’obligation faite aux Juifs de se déclarer… et comment, par un tragique concours de circonstance, une partie de la famille Veil est arrêtée par la Gestapo.
« Il avait été fait obligation aux Juifs de se déclarer, d’abord les étrangers, nombreux à Nice, puis les Français. Qu’est-que cela voulait dire ? N’étions nous pas français au même titre que les autres ? Cependant, comme la presque totalité des familles juives, nous nous sommes pliés à cette formalité, habitués à respecter la loi et sans trop vouloir nous interroger sur ses implications. »
La vie dans les camps
Une fois arrêtées, Simone Veil et sa famille sont tout de suite déportés dans des wagons à bestiaux vers le camp d’Auschwitz-Birkenau. Elles y arrivent le 15 avril 1944… et vont y rester jusqu’au 18 janvier 1945. Elle raconte les SS, l’incertitude, le tatouage… le cauchemar. Comment elle échappe plusieurs fois à la mort grâce aux conseils et l’aide d’inconnues. Son amitié avec Marceline Rosenberg (plus tard Lorindan-Ivens).
Leur départ vers un autre camp, moins dur que les autres, à Bobrek, où elles travaillaient pour Siemens. Puis le 18 janvier 1945, la fuite devant l’arrivée des Russes avec la longue Marche de la Mort pour le camp de Gleiwitz, puis Dora, puis Bergen-Belsen. Avec la débâcle nazie, les conditions empirent encore, et la famille subit la faim, la soif, le typhus, et même dans certains cas, le cannibalisme.
Leur départ vers un autre camp, moins dur que les autres, à Bobrek, où elles travaillaient pour Siemens. Puis le 18 janvier 1945, la fuite devant l’arrivée des Russes avec la longue Marche de la Mort pour le camp de Gleiwitz, puis Dora, puis Bergen-Belsen. Avec la débâcle nazie, les conditions empirent encore, et la famille subit la faim, la soif, le typhus, et même dans certains cas, le cannibalisme.
« Pourquoi les Nazis n’ont-ils pas tués les Juifs sur place, plutôt que de les embarquer dans leur propre fuite ? La réponse est simple : pour ne pas laisser de traces derrière eux. »
La loi Veil
Jacques Chirac, alors premier Ministre du président Valéry Giscard d’Estaing, invite Simone Veil à entrer au gouvernement en tant que Ministre de la Santé. Elle est alors la deuxième femme à entrer au gouvernement à ce poste, qu’elle conserve sous les gouvernements Raymond Barre. Elle croise Françoise Giroud, autre personnalité politique féminine de l’époque, et tente, sans succès, de travailler avec elle. Elle défend la loi contre l’avortement, qui depuis porte son nom : la loi Veil. Elle raconte comment elle s’est intéressée au dossier explosif de l’IVG et de la contraception, et s’est battue même lors que les manifestations, parfois violentes, à son égard, se multipliaient. La loi est finalement votée dans la nuit du 29 novembre 1974 et entre en vigueur le 17 janvier 1975.
« J’ai beau être assurée du soutien de la plupart des médecins de la majorité, dont le docteur Bernard Ponce, alors jeune député, je me sentais d’autant plus seule que beaucoup d’interventions à la tribune tenaient du réquisitoire, parfois de la prise à partie haineuse et diffamatoire. La pire de toutes fut celle de Jean-Marie Daillet, évoquant les fœtus envoyés au four crématoire. Il s’en est du reste excusé. »
L’Europe
Après son passage au gouvernement français, Simone Veil se lance dans la politique au niveau européen : elle devient en 1979 présidente du Parlement européen. Bien que reconnue par ses pairs, elle dénonce le peu de cas dont fait la France de la politique européenne et de l’ignorance des institutions. Ces combats politiciens vides de sens l’épuisent.
« Compte tenu de ce que je représentais, [Valérie Giscard d’Estaing] voyait dans ma candidature un symbole de la réunification franco allemande et la meilleure manière de tourner la page des guerres mondiales. »
La femme universelle
Elle revient ici sur le discours prononcé en 1995 par Jacques Chirac, alors président de la République, où il reconnaît la complicité de l’Etat dans les crimes contre les Juifs vivant en France pendant la Seconde Guerre mondiale. Et comment, à la suite de cela, la commission Mattéoli a révélé l’ampleur des spoliations en 2000.
De 2001 à 2007, Simone Veil est présidente de la Fondation pour la mémoire de la Shoah. Elle explique pourquoi, à ce poste, elle aurait refusé de soutenir des films La vie est belle de Roberto Benigni ou La liste de Schindler de Steven Spielberg (même si ces deux réalisateurs n’ont pas demandé d’aide financière à la Fondation). Ou pourquoi encore, alors qu’elle siégait au conseil d’administration de l’ORTF, elle a refusé de diffuser le documentaire de Marcel Ophuls, Le Chagrin et la Pitié.
« Peu à peu, la nuit envahit la maison. Au son du piano, mon regard se perd face aux tableaux familiers tandis qu’à nos côtés tous ces morts qui nous furent si chers, connus et inconnus, se tiennent en silence. Je sais que nous n’en n’aurons jamais fini avec eux. Ils nous accompagnent où que nous allions, formant une immense chaîne qui les relient à nous autres, les Rescapés. »
Pour écouter les lectures de Sandrine Bonnaire cliquer ICI
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