Translate

lundi 22 avril 2019

Un tramway à Jérusalem, de Amos Gitaï...


Synopsis : « À Jérusalem, le tramway relie plusieurs quartiers, d’est en ouest, en enregistrant leur variété et leurs différences. Cette comédie regarde avec humour des moments de la vie quotidienne de quelques passagers, de brèves rencontres qui se produisent au fil du trajet et qui révèlent toute une mosaïque d’êtres humains. »

C’est le pitch du film d’Amos Gitaï : des saynètes qui se passent dans le tramway de Jérusalem sur un parcours de 13 km.
Amos Gitaï aurait bouclé son film en moins d’une semaine , et «le septième jour satisfait de son œuvre, il aurait décidé de se reposer. »
Le film commence par un gros plan de la chanteuse Achinoam Nini Noa assise dans le tramway en mouvement. Elle chante une chanson improbable et par la fenêtre défilent les façades des rues empruntées.
Ensuite la caméra s’attarde sur un couple qui se dispute, sur une mère reprochant à son fils de ne pas lui donner un petit fils, sur un prêtre chrétien récitant en italien la dernière journée du Christ avant son arrestation par les Romains, sur un jeune soldat quittant sa copine pour rejoindre sa base d’incorporation, sur un touriste français lisant le compte rendu de voyage à Jérusalem de Chateaubriand, sur un animateur de télévision lisant un texte écrit en 1917 par Trotski ( « et si les capitalistes veulent s’emparer du soleil, et bien nous l’éteindrons ! ), sur une Palestinienne qui a un passeport des Pays- Bas, sur un arabe qu’on jette à terre parce qu’il ne présente pas assez vite ses pièces d’identité, sur un chanteur arabe débitant un rap exigeant que les juifs quittent la Palestine…
Non, il n’y a pas tout dans le paragraphe précédent, il en reste : par exemple un couple sans enfant qui se sépare parce que l’homme ne veut pas d’une adoption « dans ce pays de fou où tout peut être bouleversé du jour au lendemain », il y a aussi un touriste français qui s’extasie sur la lumière de Jérusalem alors que le couple auquel il s’adresse ne veut lui parler que de Tsahal, de ses officiers qui ne disent pas en avant mais suivez moi, et même de ses cuisiniers qui se nourrissent avec ce qu’ils servent aux soldats…, et il y a tout au long du film des religieux grotesques s’extasiant sur des réflexions rabbiniques puisées dans le Talmud : ils continuent d’étudier dans le tramway puisque les Sages ont prescrit que le voyage ne doit pas passer avant l’étude …
Il y a une certitude : tous les personnages juifs israéliens sont violents, vulgaires ou ridicules. Seule une jeune fille juive soutenant la Palestinienne au passeport des Pays-Bas, échappe à la caricature. Les arabes sont filmés dans des attitudes respectables voire admirables.
Amos Gitaï a ses convictions.
Mais il est vrai que pour faire un film sur Jérusalem, il faut des producteurs et 67 % du financement sont venus de France.
Le public français ( Libération, Télérama, Le Monde etc ) attend d’un film de Gitaï une critique mordante de la société israélienne : religieux, soldats, politiciens, obstinés, violents, corrompus.
Il souhaiterait, selon les producteurs et leurs critiques cinématographiques associés , que le film se penche sur les palestiniens, victimes innocentes, pleins de noblesse et de vraie grandeur.
Ce film fourre tout , objet cinématographique non identifié ( OCNI) n’est pas conforme à son pitch . Il présente une mosaïque d’êtres humains mais les israéliens juifs sont tous en couleurs sombres pour bien mettre en valeur la blancheur des palestiniens immaculés.

Alors déception ou colère ? Non, parce que c’était prévisible, simplement amertume et mépris.
A la soirée de présentation, plus de trente spectateurs ont quitté la salle au fur et à mesure avant la fin pour ne pas en subir davantage.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

CESSEZ-LE FEU ENTRE LE HAMAS ET ISRAËL Jacques BENILLOUCHE ...

  Le cycle attaques du Hamas et représailles israéliennes avait repris depuis le 6 août  avec la nouveauté du Hamas d’envoyer des ballons in...