Revenu de tout, Dieu décide de revenir aussi sur terre. Accablé par la tournure des événements sur la planète bleue qu’il a créée, Dieu décide de convoquer un procès. Il choisit un procureur et un avocat et présidera bien évidemment ce tribunal d’exception.
Quel est l'enjeu du procès ? Décider si l’humanité poursuit sa vie sur terre ou bien si elle subira l’apocalypse. Ce jugement sera-t-il le dernier ? Stop ou encore pour les hommes sur terre ? C’est évidemment pour rire, quoique…
Commençons par le réquisitoire du Procureur, puis viendra l’heure de la plaidoirie. Et comme il s’agit d’un procès exceptionnel, voire même d’exception, les témoins cités à la barre n’interviendront qu’après. Et comme la mode est au « participatif », n’hésitez pas à proposer des témoins pour l'accusation et/ou la défense, à développer leurs arguments, en zone commentaire ou à cette adresse : tronchesdevie@yahoo.com
Réquisitoire
Procureur : « Je ne voudrais surtout pas faire montre de trop d’arrogance avec mon confrère chargé de défendre la cause de l’humanité, mais son combat est perdu d’avance. Il est encore temps pour lui d’ôter sa robe d’avocat et d’ainsi éviter de défendre l’indéfendable. Car, quand même, Dieu, je vous fais juge, si je puis me permettre, l’homme vient d’ajouter à la très longue liste de tous ses crimes le pire de tous, celui de détruire la planète qui l’accueille et le fait vivre. Le jardin d’Eden est devenu une vallée de larmes polluée et surchauffée. Dieu, je suis tenté de dire que la seule bonne nouvelle sur terre actuellement, sauf peut-être pour quelques sympathiques marxistes ou nihilistes à la dérive, est que nous avons enfin la preuve tangible de votre existence. Ce jugement dernier en atteste »
Dieu : « Vous en doutiez monsieur le procureur ? Mais la question de mon existence n’est pas celle posée à ce tribunal. Revenez aux faits, je vous prie »
Procureur : « Bien volontiers monsieur le Président, euh, monsieur Dieu. Vous avez créé la terre il y a plus de 4, 5 milliards d’années. Il faudra d’ailleurs nous expliquer cette histoire de semaine pour bâtir le monde comme il est dit dans la bible, ou plutôt en six jours puisque vous aviez décidé de fermer boutique et de vous reposer le dimanche. Grâce vous en soit rendue. Le téléspectateur assidu de Téléfoot que je suis vous en remercie ».
Dieu : « tss…. »
Procureur : « Pardon. L’homme, Homo sapiens, c’est à dire vous et moi, enfin tout le monde sauf vous, cher Dieu, a fait ses premiers pas sur terre il y a 200.000 ans. Ses grands crimes contre la nature remontent au début de l’ère industrielle. Dans sa folie du progrès, du consumérisme, du veau d’or comme dénoncé dans les Saintes écritures, l’homme a systématiquement transformé l’atmosphère en air irrespirable, les océans en poubelles, les forêts en meubles suédois immontables. Le bon samaritain est devenu l’avide Samaritaine, le péché originel est devenu la pêche industrielle, et l’homme a une fâcheuse tendance à aimer plus son smartphone que son prochain.
Dieu : « Pas de risque au Paradis, on ne capte même pas la 3G…. »
Procureur : « Il était déjà minuit moins une à l’échelle de la vie terrestre lorsque les scientifiques ont alerté du danger mortel de la pollution et du changement climatique. Au lieu de prendre des mesures radicales pour sauver la maison commune, la société humaine a choisi de réunir des commissions, dites Cop, de prendre des engagements et de ne jamais les tenir, par cynisme, par égoïsme, par nationalisme. « La maison brûle et nous regardons par la fenêtre », avait ainsi prévenu le Président français Jacques Chirac, qui n’est pourtant pas un écologiste de la première heure, sauf à considérer que boire de la Corona est un signe incontestable de veganisme, ou que « 5 minutes, douche comprise » est le must de l’économie d’eau.
Dieu : « Greffier, veuillez ne pas noter ces digressions superfétatoires du procureur, je vous prie »
Procureur : « Aujourd’hui, le glas a sonné. Il est minuit. L’homme va effectivement faire de la terre un enfer. Rien que pour ce dernier méfait de non-assistance à planète en danger, l’homme ne mérite plus de vivre sur terre.
Votre jugement ne peut être qu’implacable. Du présent, il faut faire table rase, déclencher l’apocalypse purificatrice, sans oublier de me payer mes honoraires. Cela ne servira à rien, mais j’en fais une question de principe ! Tout travail mérite salaire et je vis à la sueur de mon front, comme il est écrit dans les évangiles. Je vous ai envoyé mon RIB en PDF par mail, cher Dieu.
Dieu : « Ces questions bassement matérielles n’intéressent pas le tribunal, monsieur le Procureur. A l’avenir, merci de ne plus parler de cet argent qui corrompt, qui écrase, qui tue, qui pourrit, jusqu’à la conscience des hommes ! »
Procureur : « Vous avez de bonne références, cher Dieu. On dirait du Mitterrand au congrès fondateur du PS à Epinay en 1971. C’est vrai qu’il a ensuite été surnommé Dieu, ça rapproche ! Mais pour mieux vous convaincre, Monsieur Dieu, je veux ici vous rappeler quelques-uns des autres pires crimes dont l’homme s’est rendu coupable ici-bas. La liste ne peut pas être exhaustive, sinon ma plaidoirie risque de prendre une éternité, or le jugement dernier ne peut pas être l’éternité, sauf à ne plus rien y comprendre. Et l’éternité, on sait quand ça débute, mais bien malin qui peut en deviner la fin. Et l’on nous dit que l’éternité est surtout longue vers la fin...
Mais commençons déjà par le sort pour le moins funeste que les hommes ont réservé à votre propre fils, Jésus, envoyé sur terre il y a plus de 2000 ans pour, déjà à l’époque, tenter de remettre l’humanité sur un chemin plus droit et vertueux.
On ne peut pas dire que votre rejeton ait reçu un accueil des plus chaleureux. Enfin, voilà un homme qui fait des miracles, guérit les paralytiques, va jusqu'à transformer l’eau en vin et multiplier les pains. Et comment le remercions-nous ? En le trahissant pour quelques deniers, en le crucifiant. Il n’a pas dû être déçu du voyage le fiston ! D'un autre côté, vous l'auriez envoyé en Bretagne, le changement de l'eau en vin lui aurait, à mon avis, assuré un tout autre destin.
Cette Bretagne où l’on remercie d’ailleurs, avec une finesse que vous ne manquerez pas de goûter, votre fils d’être mort en croix. Comme ne manquait pas de le rappeler ce drôle de paroissien qu’était Jean Yanne, imaginez une seconde que Jésus soit mort dans son lit et c’est tous les carrefours bretons qui en auraient été défigurés, avec d’horribles sommiers en granit à chaque croisement de route.
Dieu : « C’est fin… »
Procureur : « Plus sérieusement, Je veux aussi ici pointer l’immense responsabilité criminelle des hommes, coupables d’innombrables guerres en votre nom. Mais puisque j’évoquais la mémoire de Jean Yanne, j’aimerais comprendre une bonne fois pour toutes pourquoi vous avez envoyé l’archange Gabriel dicter le Coran à Mahomet en plein désert.
Initiative que l’on peut qualifier de malheureuse pour celui qui avait déjà eu la tâche ingrate et difficile d’annoncer à Marie qu’elle attendait un heureux événement tout en étant d’une virginité incontestable. De deux choses l’une : soit Gabriel était un agent double agissant pour son propre compte, théorie développée en son temps par le cher Jean Yanne, soit vous avez délibérément choisi de diviser pour mieux régner, ajoutant une nouvelle religion aux deux premières du Livre, les juifs et les Chrétiens. De ce côté-là, la division a fonctionné à merveille, des massacres de l’invasion de la Sainte Espagne en Amérique du Sud aux croisades sanguinaires de Saint-Louis jusqu’aux twin towers de Ben Laden à New-York. Je croyais que vous n’aimiez pas que l’on croquât dans la pomme ? Là encore nous sommes preneurs, sans vous commander cher Dieu, d’une explication.
Dieu « Tout ça ne regarde que moi, monsieur le Procureur »
Procureur : « Ce qui vous regarde finit immanquablement par nous regarder aussi, cher Dieu. En parlant des Chrétiens, ils n’auront finalement pas mis tant de temps que ça pour passer du statut de martyrs des romains à celui de tyrans planétaires. Ce procès du jugement dernier a d’ailleurs eu un précédent, une sorte de tour de chauffe. Ce fut à Valladolid, où un prélat de Rome est venu répondre avec les conquistadors espagnols à l’étrange question de savoir si les Indiens d’Amérique avaient oui ou non une âme. Juste histoire de déterminer s’il convenait de culpabiliser un tant soit peu après les avoir exterminés, au fil de l’épée ou plus sûrement grâce à nos microbes et virus européens, dans le but officiel de les évangéliser en votre nom, cher Dieu, mais plus sûrement de leur voler des montagnes d’or.
Et ne parlons pas de politique, car ceux qui se reconnaissent en vous ont fait très fort. Comme disait l’autre, j’en ai connu des faux culs, mais ils furent une synthèse. Car enfin, une religion basée sur les paroles du Christ, sur les valeurs du partage, de la non-violence, de l’accueil des étrangers, du vœu de pauvreté, où les derniers seront les premiers, où l’on tend l’autre joue après avoir été baffé, une telle religion aurait dû engendrer un parti de pacifistes gauchistes et rêveurs, auprès de qui tous les communistes et socialistes du monde passeraient pour de dangereux conservateurs libéraux et matérialistes.
Que nenni, en politique, la très grande majorité des chrétiens a toujours été du côté du manche. Nous évoquions l’Espagne tout à l’heure. En votre nom, le sémillant Torquemada a pieusement massacré tout ce qui ne grenouillait pas dans l’eau des bénitiers. En France, l’église et ses ecclésiastiques regardaient les lumières d’un œil ombrageux et se foutaient du tiers état comme du quart. Et ne parlons pas des papes ! Juste pour nous détendre un peu, je vais vous parler du plus drôle d’entre-eux, Etienne VI. Cela nous changera des habituels Borgia ou Pie XII. Etienne VI ne trouva rien de mieux que de faire exhumer son prédécesseur, le pape Formose, le rhabiller en pape pour lui faire un procès resté célèbre sous le nom de concile cadavérique en janvier 897. Formose à peine sorti du formol fut étonnamment jugé coupable. On lui coupa trois doigts, annula toutes ses décisions avant de le jeter dans le Tibre. Et tout cela, en votre nom, celui de Dieu.
Dieu : « Monsieur le Procureur, l’église n’est que mon administration, humaine, avec ses faiblesses. Voulez-vous que je vous parle de votre administration française, de ses miracles ? »
(Rires dans la salle)
Procureur : « Ce ne sera pas nécessaire. Bon, vous me direz que les fous de Dieu ont changé de camp. Votre église, cher Dieu, revient à ses fondamentaux en faveur des pauvres, des migrants et de la paix. En revanche, c’est du côté de certains fidèles de Mahomet que cela se gâte à nouveau. Ils rêvent d’occire tous les infidèles de la planète. Et malheureusement le rêve devient souvent cauchemar bien réel.
Vous avez souhaité créer l’homme à votre image, cher Dieu. Vous n’êtes pas raisonnable non plus. Aviez-vous fait un travail sur vous auparavant ? On croit parfois bien se connaître, se voir en saint et se réveiller le diable au corps. Et puis, il était sans doute un peu imprudent de ne pas procéder à quelques tests avant de lancer la production humaine. En radio on fait une maquette, pour un journal un numéro zéro, pour une voiture un prototype. Pourquoi ne pas avoir cherché à tester l’homme ? Bon, comme disait ma grand-mère, c’est fait, c’est fait ! L’homme fut donc créé à votre image, mais le moins que l’on puisse dire est que le miroir a été très déformant. Regardez le visage de l’homme. Il est effrayant, sanglant, sauvage. Vous avez essayé d’aider l’homme à vaincre ses propres démons. En vain. Il y eut l’arche de Noé, votre fils Jésus. L’homme n’a pas changé pour autant. Un peu comme le docteur Frankenstein, votre créature vous a échappé. Jusqu’à commettre l’irréparable à maintes reprises.
Dieu : « Redescendre sur terre pour entendre de telles âneries. J’aimerais mieux être sourd… Merci de conclure votre réquisitoire »
Procureur : « Même en me travestissant en avocat du diable, je ne trouverais aucune circonstance atténuante à l’humanité. Elle est coupable, mille fois coupable et ne mérite que de rôtir dans les flammes de l’enfer. Evidemment, il y des gens bien parmi cette galerie de monstres sur terre. Mais comme les poissons volants, ils ne forment malheureusement pas la majorité du genre. Pour une Mère Teresa ou un abbé Pierre, combien de Pol Pot ou de Pinochet ?
Je réclame la peine capitale pour l’homme. Dieu, votre main ne doit pas trembler, sous peine de voir le cauchemar terrestre empirer encore et encore. Les sornettes que ne manquera pas de débiter l’avocat de la défense ne doivent pas vous faire douter, ne doivent pas cacher la terrible vérité. L’homme ne mérite plus de vivre sur cette terre.
La plaidoirie
Avocat : Monsieur le Président, Dieu, je ne sais trop comment vous appeler, je ne regrette vraiment pas d’avoir arrêté de plaider durant de nombreuses années. Si j’étais resté ce ténor du barreau, arrogant, puissant et cynique, jamais vous ne m’auriez commis d’office pour ce procès hors-normes. Il va faire baver de jalousie bien des baveux !
Enfin ! Enfin, Dieu, vous daignez me donner signe de vie. Commençons par parler de moi si vous le voulez bien. Il n’y a que ça qui m’intéresse. Je vous ai si souvent appelé à l’aide durant ces dernières années, quand je sombrais après avoir perdu ma femme, quand mes enfants m’ont été retirés, quand je tentais d’arrêter de boire tout en voulant oublier tout ça. C’est bien gentil de nous reprocher la plongée dans les paradis artificiels quand le paradis « officiel » n’est que vague image conceptuelle entrevue durant l’enfance au catéchisme.
Dieu, vous connaissez le proverbe : la justice, c’est comme la Sainte-Vierge, si elle n’apparaît pas de temps en temps, on finit par ne plus y croire. Il en va de même pour vous. La foi, c’est comme l’amour, il faut des preuves, bien tangibles, bien réelles, Alors prouvez-nous votre amour, votre empathie, au lieu de laisser errer notre foi, quand on ne l’a pas perdue, comme une âme en peine. Votre absence m’a meurtri, Dieu
Mais il n’y a pas que moi. Nous sommes une gigantesque foule sentimentale en quête d’un idéal. Faites-nous signe que diable ! Ou alors sortez nous de votre manche un de ces petits miracles dont votre fils présumé avait le secret. Regardez, j’ai devant moi une petite bouteille d’eau en plastique délicatement placée à mon endroit par la charmante greffière. Transformez la en grand crû de Pessac Léognan, un petit Haut Brion par exemple, et je crois en vous dans la seconde.
Dieu : « Monsieur l’avocat, ne poussez pas le bouchon trop loin quand même ».
Avocat : « Bouchon, amusant… Avant de plaider la cause de l’humanité, monsieur Dieu, je voudrais tout de même exprimer ici mon extrême réserve sur la composition de ce tribunal, et donc sur la validité de son jugement, surtout s’il devait être le dernier. Dieu, vous êtes juge et partie dans cette affaire. Dans la justice des hommes, c’est rigoureusement prohibé. C’est péché comme on dit chez vous. Vous prétendez pouvoir juger du futur immédiat de l’humanité, coupable à vos yeux de tant de dérives. Mais – en même temps – comme dirait un autre président, cette humanité, c’est vous qui l’avez créée, à votre image qui plus est ! Ca ne passera jamais au Conseil d’Etat mon ami.
Mais je ne désespère pas de vous faire retrouver la foi en l’homme, Dieu, ce qui nous évitera toutes ces péripéties juridiques.
Dieu : « Poursuivez monsieur l’avocat. Quant à ma foi, elle ne regarde que moi »
Avocat : « Précisément, je ne le crois pas. Si vous avez convoqué ce procès, c’est bien que vous avez perdu la foi en l’homme, que vous ne supportez plus ses dérives et méfaits. Et honnêtement, parfois, on ne peut pas vous donnez tout à fait tort. C’est vrai que voir dans la même journée ensoleillée de printemps les premiers pantacourts, les premières « crocs », les premières chaussettes blanches dans des sandales a de quoi vous faire douter dans l’évolution de l’espèce humaine. Et le doute m’habite encore plus si je tombe ensuite à la télé sur un débat Zemmour-Finkelkraut, un reportage sur le nouveau ku klux klan, ou des images de djihadistes tranchant des mains d’infidèles au motif qu’ils écoutent de la musique dont ils croient deviner qu’elle ne plairait pas au prophète. Et je pourrais continuer longtemps comme ça, avec la téléréalité, les pubs pour baignoires à porte pour vieux, la Renault Fuego, les photos de risotto aux champignons sur Instagram, les jingles de BFM TV, etc.
Mais tout ça, sans oublier les guerres, doit-il nous amener à décider de priver l’humanité d’un futur ? Non, bien évidemment, car sinon il aurait fallu le faire quasiment dès le début cher Dieu. Le bug a été immédiat. Dès la création, vous demandez ainsi à l’homme, contre tout bon sens nutritionnel d’ailleurs, de ne manger ni fruit ni légume. Et que fait-il ? Il croque une pomme derechef.
Ensuite, dès qu’il a eu un voisin, il n’a eu de cesse de marquer son territoire et de convoiter celui de l’autre. En se battant. Au début à la main, et ensuite avec des armes. L’homme a toujours été désespérant de ce point de vue. Vous mettez un village à côté d’un autre, une ville, un pays, et tout de suite la haine s’installe, puis le sang coule. On a bien tenté d’inventer le sport pour calmer les tensions. Mais le résultat n’est guère plus satisfaisant. Je vous invite ainsi à assister à un classico entre le PSG et l’OM. Vous y entendrez des « Marseille, on t’encule » et des « parisiens, on nique vos mères, sur la canne, canne, cannebière ».
Mais enfin, tout ça est vieux comme le monde, Dieu. Sinon pourquoi avoir lancé l’opération Noé ? Très contestable d’ailleurs, car noyer sans autre forme de procès la quasi totalité de l’humanité, si ce n’est pas du génocide, y’aurait comme qui dirait un vague cousinage. Passons. Et ensuite, envoyer votre fils sur terre pour prêcher la bonne parole, montrer le bon exemple, c’était bien un constat d’échec de votre part. Et on ne peut pas dire que la mission sur terre de votre Jésus a été un franc succès. Elle a eu un petit côté pieds nickelés façon Rainbow Warrior, non ? Jusqu’au coup de la trahison de Judas, du coq qui chantera trois fois, de Barabbas, de la crucifixion. Un vrai chemin de croix, une via dolorosa. Il vous a fallu l’exfiltrer de son tombeau pour arranger le coup. Bien vu d’ailleurs, car le miracle de la résurrection a bien buzzé et l’ascension est un coup de maître en terme de com’, de prosélytisme. En plus, en ayant fait ça en mai un jeudi, vous avez mis des millions de travailleurs de votre côté avec ce pont divinement bien placé.
Non, Dieu, il va vous falloir admettre que l’homme, même créé à votre image, est imparfait et qu’il le restera. Et d’ailleurs, êtes vous bien sûr qu’il n’est pas à votre image, que vous n’avez pas, comme lui, votre part d’ombre ? Ne dit-on pas que la perfection n’est pas de ce monde ? Le meilleur des hommes a toujours ses failles, pourquoi pas vous Dieu ? Le diable est en chacun de nous. On doit le combattre, parfois céder du terrain. Puis retrouver des forces morales, l’énergie de reprendre ce terrain perdu face au malin. Qui nous dit, qui nous prouve que vous n’êtes pas en proie aux mêmes affres dans votre existence ? Ce qui serait d’ailleurs une bonne chose. Cela vous rendrait plus « humain », plus proche.
Et puis dites-donc, il n’y a pas que ces horreurs ici bas. Il y a une planète aux paysages parfois sublimes, des gens extraordinaires, connus ou parfaitement anonymes, qui nous émeuvent, nous font rire, nous font rêver, avancer. Et vous voudriez faire tout disparaître d’un trait de plume ?
Et puis, menacer l’humanité d’une apocalypse annoncée dans la Bible, c’est peut-être accorder un crédit que ce livre ne mérite pas tout à fait. Tiens, en parlant des Saintes écritures, connaissez vous cette histoire que l’on raconte sous le manteau dans les ruelles de Jérusalem ?
Dieu : « Non et je crains le pire. Depuis le début de ce procès, je ne suis pas déçu de ce côté »
Avocat : « Eh bien je vais vous conter cette histoire édifiante. Quand votre fils a porté la croix sur la via Dolorosa, vous êtes descendu incognito sur terre afin de le soutenir moralement. C’est là que vous avez rencontré le vieux Jacob. Voilà ce qu’il vous a dit :
- C’est affreux tout ça. Et en plus mon fils s’est converti. Il est devenu Chrétien. Pourvu qu’il ne termine pas comme ce Jésus.
Vous avez alors tenté de le réconforter en lui disant que, vous aussi, votre fils s’était converti
- Et qu’est ce que vous avez fait ? vous a demandé le vieux Jacob
- Un nouveau testament, avez-vous répondu sans trop réfléchir.
Et voilà, cher Dieu. Et vous voudriez que l’on prenne tout au pied de la lettre ?
Dieu : « No comment »
Avocat : « Et puis sérieusement, comment pourriez-vous assassiner de sang froid tous les Mozart en gestation, en devenir, sur notre planète. La vie ici-bas est un immense feuilleton, une longue série à faire pâlir de jalousie les producteurs de Netflix. A ce propos, comment penser au jugement dernier alors que la nouvelle saison de Casa de papel est en tournage ? Nous avons envie, nous avons le droit de savoir. Pareil pour l’impayable Benalla ! Et M’Bappé au mondial du Qatar, ne me dites pas que vous n’avez pas envie d’arroser chacun de ses buts ! Pareil pour les JO de Paris en 2024… On a aussi envie de savoir si les Balkany ou les Tiberi vont rendre l’argent ! Et Plus belle la vie ? Vous oseriez décréter la fin du monde alors que le 2317e épisode est au montage ? Et quant au péril climatique longuement évoqué par le procureur, vous savez bien que c’est toujours quand les hommes sont dos au mur que les meilleurs d’entre-eux nous sortent des inventions de derrière les fagots. Laissez-les vivre et vous verrez que dans moins de vingt ans, nous roulerons tous à l’hydrogène ou à l’électrique, que les avions pollueront moins qu’un pet de vache sur une toile cirée, que les cargos auront remis les voiles. N’ayez pas peur, Dieu ! L’homme a des ressources insoupçonnées. Faite lui confiance ! Ayez foi en l’homme, Nom de Dieu ! Ayez foi en vous et vous verrez l’absurdité d’un retour au néant, d’un jugement dernier.
Dieu : « Ite missa est, Maître ? »
Avocat : « Oui, c’est mon dernier mot, Dieu »
c'est prémonitoire et certainement l'avenir de l'ètre humain
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