Dans un village typique du Far West, dont nous ne connaîtrons jamais le nom, les cow-boys ont grand mal à épancher leur soif d'alcool et de sexe expéditif avec la charnue Lulu (Alice Arno), l'unique et méritoire prostituée du coin. La très bigote Maureen O'Lala (Véra Valmont) leur impose en effet sa discipline de fer, traquant le moindre contrevenant à ses strictes règles. C'est alors qu'arrive l'intrépide nouveau tenancier du saloon, John Keykett (« Mais John ça suffit »), qui entend bien imposer sa propre loi, reposant sur deux sacrements fondamentaux : sexe et alcool.
Marie Pallardy).
Ses employés, Billy Le Bid (Jean Luisi)…
…et Lulu (Alice Arno).
Très vite, John se rend compte qu'il lui faut d'autres recrues féminines pour calmer l'excitation de ses clients. Il tente de débaucher l'institutrice redoutée du village, la charmante Lucky Lucky (interprétée par Willeke van Ammelrooy, muse et compagne du cinéaste, bénéficiant de fait d'un traitement iconique à part), mais celle-ci le chasse de ses terres. Lorsque Lulu finit par craquer, John n'a plus qu'une seule solution : faire appel aux services lascifs des filles de Joe Dalton, les sœurs Daltines. Mais Lucky Lucky prépare déjà sa contre-attaque, « pour la cause ».
La redoutable Lucky Lucky (Willeke van Ammelrooy).
Une des peu farouches sœurs Daltines.
Comme en témoignent très vite la décontraction ambiante et l'apparent foutoir des scènes de groupe – et ce dès les premières minutes – nous sommes ici dans le versant le plus solaire de la filmographie de Jean-Marie Pallardy. De la comédie paillarde, complaisamment vulgaire, mais qui s'étoffe dans le même temps d'une atmosphère bon enfant au charme délicieusement suranné. Le réalisateur se fait clairement plaisir, réinterprète, avec l'audace de ceux qui ne se soucient pas du lendemain, les codes d'un genre (le western, donc) qu'il aime tant. Une petite attaque de diligence par-ci, un duel au soleil par-là, le tout avec un sens très instinctif du cadrage.
Pendant que Lucky Lucky fait le coup de feu...
...Jean-Marie Pallardy fait le coup de poing avec les Indiens.
Enfin quand je dis « Indiens »...
Soyons clairs, L'Arrière-train sifflera trois fois est, selon la formule convenue, un objet d'un autre temps, une aberration narrative où le récit avance au petit bonheur la chance – voir à ce titre la scène pivot donnant son titre au film, où la pauvre Lulu tire momentanément sa révérence au gré d'une séquence relativement hallucinante – en partie grâce à son doublage chaotique.
Un film avec des gags !
L'Arrière-train sifflera trois fois offre l'essentiel de son plaisir coupable dans l'improbabilité de ses situations, dans leur traitement ouvertement désinvolte, donnant souvent lieu à quelques petites perles typiquement pallardiennes (l'addictif morceau d'intro et ses « Ohio-ho-ho », le sublime « Je crois que j'en suis convaincu », le combo d'anachronismes de la scène chez le juge, le cow-boy noir musulman…). Mais malgré son charme certain, le film reste quand même un opus mineur dans la filmographie de son réalisateur.
Duel au soleil entre John Keykett et Lucky Lucky.
Plombé par un rythme claudiquant, le film ne peut prétendre figurer au panthéon des œuvres clé de son auteur, en dépit de l'aura culte, légitime, entourant son titre. Il est cependant révélateur de l'âge d'or que connut alors Pallardy, libre de tourner ce qu'il voulait, ouvertement jouisseur et en même temps amoureux transi de sa Willeke, et, c'est là l'essentiel, décomplexé artistiquement.
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