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samedi 13 avril 2019

LES DORMEURS DE L'EXTRÊME......





Pour les sportifs de haut niveau, le sommeil est une arme à double tranchant. 
Bien géré, il les porte sur le podium ; négligé, il les pousse dans l'abîme. Les médecins du sommeil en tirent des applications très concrètes.
Elle s'appelle Barbara Buatois. Son nom ne vous dit peut-être rien, mais cette cycliste française a remporté en 2010 une des épreuves sportives les plus difficiles du monde: la Race Across America. Les compétiteurs traversent à vélo les Etats-Unis d'ouest en est, soit 4828 km engloutis en douze jours. «La moitié des compétiteurs abandonnent avant la fin, explique la jeune femme, souriante. Pour gagner, il faut dormir le moins possible tout en restant performant et vigilant. Si vous n'êtes pas bien préparé, l'aventure peut vite tourner au cauchemar.»
Barbara avait déjà «tiré sur la corde», comme elle dit, en participant à des épreuves marathon type le Paris-Brest-Paris, 1 200 km quasiment sans dormir. «Sur 24 heures, je sais que je peux résister, affirme la sportive, mais la traversée américaine de douze jours, c'était un saut dans l'inconnu.» Beaucoup de participants de la Race Across America atteignent les limites de l'épuisement, jusqu'à souffrir d'hallucinations pendant le parcours, dernier symptôme avant l'écroulement fatal. Rien de surprenant pour le Dr François Duforez, médecin du sport, spécialiste du sommeil et fondateur de l'European Sleep Center: 
«Dans les conditions de sport extrême, tout le corps est sollicité, cerveau compris, explique-t-il. En l'absence de préparation sérieuse, les plaintes du corps fatigué se manifestent par des déchirures musculaires ou des tendinites, mais le cerveau a lui aussi besoin de récupérer. Dans le cas contraire, on enregistre des conséquences rapides sur la performance cognitive: manque de vigilance, perte de lucidité, jusqu'à des manifestations spectaculaires comme les hallucinations.»
Pour le skipper Thomas Normand, 15e à la Solitaire du Figaro 2012, mieux connaître son sommeil était aussi devenu une exigence. «Je me souviendrai tou jours de ma première transatlantique, confie-t-il. J'ai passé une première nuit blanche, et tout s'est mal enchaîné: montée de stress, angoisse, manque de vigilance, assoupissements incontrôlés, erreurs de navigation, inquiétude accrue… un cercle infernal.» Depuis, le navigateur travaille avec le Dr Duforez et le team du skipper Jean-Pierre Dick, triple vainqueur de la Transat Jacques-Vabre. Ce dernier a aussi vécu de mauvaises expériences. «Par la force des choses, nous cherchons à dépasser nos limites, mais ce dépassement doit s'arrêter où commence la perte de lucidité», résume-t-il, confirmant calmement tout l'intérêt de sa démarche rigoureuse face au sommeil.
Après des années de préparation, ce marin aguerri est capable de dormir 4 heures par 24 heures, en périodes fractionnées, et ce pendant plusieurs semaines. «Eviter d'aller dans le rouge» consiste parfois à ne s'endormir qu'une dizaine de minutes. Il plonge en sommeil lent profond - le plus réparateur - grâce à une large inspiration, puis il se réveille sans alarme extérieure. Impressionnant. «Sans révéler tous mes secrets, c'est assez simple: il faut connaître ses “portes du sommeil”, c'est-à-dire les moments de la journée où vous êtes le plus apte à vous endormir, puis provoquer une dette de sommeil dès le premier jour de course en dormant très peu. Ce manque permet de plonger plus vite dans des phases de sommeil très réparatrices, dont il faut profiter au maximum.»
Mieux se préparer à une forte pression psychologique..
Pour cela, le champion ne laisse rien au hasard. Les médecins qui le suivent ont ainsi participé à la conception d'un matelas spécial pour le skipper: «La bannette, ça n'a jamais été mon truc, on bouge trop à grande vitesse, ça perturbe le repos», justifie Jean-Pierre Dick. Comme on fait son lit on se couche et on s'endort, résume le Dr Duforez, avant d'ajouter: «Notre travail est applicatif, il ne s'agit pas de théoriser mais de trouver des solutions avec le moins d'effets secondaires possibles. Le travail réalisé avec ces sportifs de haut niveau nous apporte beaucoup pour les pathologies du sommeil que nous traitons au quotidien.»

Se relaxer en pleine journée a des effets physiques et psychiques prouvés. Crédits photo : © Reuters Photographer / Reuters/REUTERS

Les sports d'endurance ne sont pas les seuls qui mobilisent les spécialistes du sommeil. Ceux-ci travaillent avec des équipes nationales parcourant le monde et confrontées au décalage horaire ou avec des athlètes désireux de mieux se préparer avant des compétitions à forte pression psychologique. La sprinteuse Christine Arron a fait appel à leurs services alors qu'elle présentait des troubles du sommeil assez handicapants. 
L'équipe du Pr Léger a alors mis le doigt sur un phénomène étrange: la championne souffrait d'un manque de lumière dû à une longue période d'entraînement en salle.Particulièrement en pointe sur la luminothérapie dans les pathologies du sommeil, les médecins vont ainsi réparer le sommeil de l'athlète en évitant les chimies interdites. Ils ont aussi repéré ses phases de performance optimale et ont même réussi à «caler» son rythme chronobiologique sur celui de la compétition.
«Nous avons tous des périodes dans la journée où nous sommes au maximum de nos capacités, explique le Pr Léger. Les connaître et en profiter est forcément un atout.» La jeune navigatrice franco-allemande Isabelle Joschke confirme: «C'est un cercle vertueux: j'ai toujours eu un sommeil léger, mais depuis que je sais gérer mon sommeil, je suis capable de dormir plus longtemps si je le désire. 
D'une manière générale, j'ai pris conscience de l'influence du sommeil sur la santé mentale, comment la fatigue révèle la mauvaise humeur, ou comment vingt minutes d'une simple relaxation peuvent redonner une énergie étonnante.» Des réflexes d'hygiène de vie évidemment valables pour les terriens plus ordinaires

Elle s'appelle Barbara Buatois. Son nom ne vous dit peut-être rien, mais cette cycliste française a remporté en 2010 une des épreuves sportives les plus difficiles du monde: la Race Across America. Les compétiteurs traversent à vélo les Etats-Unis d'ouest en est, soit 4828 km engloutis en douze jours. «La moitié des compétiteurs abandonnent avant la fin, explique la jeune femme, souriante. Pour gagner, il faut dormir le moins possible tout en restant performant et vigilant. Si vous n'êtes pas bien préparé, l'aventure peut vite tourner au cauchemar.»
Barbara avait déjà «tiré sur la corde», comme elle dit, en participant à des épreuves marathon type le Paris-Brest-Paris, 1 200 km quasiment sans dormir. «Sur 24 heures, je sais que je peux résister, affirme la sportive, mais la traversée américaine de douze jours, c'était un saut dans l'inconnu.» Beaucoup de participants de la Race Across America atteignent les limites de l'épuisement, jusqu'à souffrir d'hallucinations pendant le parcours, dernier symptôme avant l'écroulement fatal. Rien de surprenant pour le Dr François Duforez, médecin du sport, spécialiste du sommeil et fondateur de l'European Sleep Center: 
«Dans les conditions de sport extrême, tout le corps est sollicité, cerveau compris, explique-t-il. En l'absence de préparation sérieuse, les plaintes du corps fatigué se manifestent par des déchirures musculaires ou des tendinites, mais le cerveau a lui aussi besoin de récupérer. Dans le cas contraire, on enregistre des conséquences rapides sur la performance cognitive: manque de vigilance, perte de lucidité, jusqu'à des manifestations spectaculaires comme les hallucinations.»
Pour le skipper Thomas Normand, 15e à la Solitaire du Figaro 2012, mieux connaître son sommeil était aussi devenu une exigence. «Je me souviendrai tou jours de ma première transatlantique, confie-t-il. J'ai passé une première nuit blanche, et tout s'est mal enchaîné: montée de stress, angoisse, manque de vigilance, assoupissements incontrôlés, erreurs de navigation, inquiétude accrue… un cercle infernal.» Depuis, le navigateur travaille avec le Dr Duforez et le team du skipper Jean-Pierre Dick, triple vainqueur de la Transat Jacques-Vabre. Ce dernier a aussi vécu de mauvaises expériences. «Par la force des choses, nous cherchons à dépasser nos limites, mais ce dépassement doit s'arrêter où commence la perte de lucidité», résume-t-il, confirmant calmement tout l'intérêt de sa démarche rigoureuse face au sommeil.
Après des années de préparation, ce marin aguerri est capable de dormir 4 heures par 24 heures, en périodes fractionnées, et ce pendant plusieurs semaines. «Eviter d'aller dans le rouge» consiste parfois à ne s'endormir qu'une dizaine de minutes. Il plonge en sommeil lent profond - le plus réparateur - grâce à une large inspiration, puis il se réveille sans alarme extérieure. Impressionnant. «Sans révéler tous mes secrets, c'est assez simple: il faut connaître ses “portes du sommeil”, c'est-à-dire les moments de la journée où vous êtes le plus apte à vous endormir, puis provoquer une dette de sommeil dès le premier jour de course en dormant très peu. Ce manque permet de plonger plus vite dans des phases de sommeil très réparatrices, dont il faut profiter au maximum.»
Mieux se préparer à une forte pression psychologique..
Pour cela, le champion ne laisse rien au hasard. Les médecins qui le suivent ont ainsi participé à la conception d'un matelas spécial pour le skipper: «La bannette, ça n'a jamais été mon truc, on bouge trop à grande vitesse, ça perturbe le repos», justifie Jean-Pierre Dick. Comme on fait son lit on se couche et on s'endort, résume le Dr Duforez, avant d'ajouter: «Notre travail est applicatif, il ne s'agit pas de théoriser mais de trouver des solutions avec le moins d'effets secondaires possibles. Le travail réalisé avec ces sportifs de haut niveau nous apporte beaucoup pour les pathologies du sommeil que nous traitons au quotidien.»

Se relaxer en pleine journée a des effets physiques et psychiques prouvés. Crédits photo : © Reuters Photographer / Reuters/REUTERS

Les sports d'endurance ne sont pas les seuls qui mobilisent les spécialistes du sommeil. Ceux-ci travaillent avec des équipes nationales parcourant le monde et confrontées au décalage horaire ou avec des athlètes désireux de mieux se préparer avant des compétitions à forte pression psychologique. La sprinteuse Christine Arron a fait appel à leurs services alors qu'elle présentait des troubles du sommeil assez handicapants. 
L'équipe du Pr Léger a alors mis le doigt sur un phénomène étrange: la championne souffrait d'un manque de lumière dû à une longue période d'entraînement en salle.Particulièrement en pointe sur la luminothérapie dans les pathologies du sommeil, les médecins vont ainsi réparer le sommeil de l'athlète en évitant les chimies interdites. Ils ont aussi repéré ses phases de performance optimale et ont même réussi à «caler» son rythme chronobiologique sur celui de la compétition.
«Nous avons tous des périodes dans la journée où nous sommes au maximum de nos capacités, explique le Pr Léger. Les connaître et en profiter est forcément un atout.» La jeune navigatrice franco-allemande Isabelle Joschke confirme: «C'est un cercle vertueux: j'ai toujours eu un sommeil léger, mais depuis que je sais gérer mon sommeil, je suis capable de dormir plus longtemps si je le désire. 
D'une manière générale, j'ai pris conscience de l'influence du sommeil sur la santé mentale, comment la fatigue révèle la mauvaise humeur, ou comment vingt minutes d'une simple relaxation peuvent redonner une énergie étonnante.» Des réflexes d'hygiène de vie évidemment valables pour les terriens plus ordinaires

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