Les avantages accordés aux salariés et aux dirigeants du plus grand office HLM de France sont épinglés dans un rapport.
Rémunérations et avantages confortables réservés aux dirigeants comme aux salariés, pas assez de surloyers réclamés… Dans son rapport 2019 de contrôle sur Paris Habitat, le plus gros office public HLM de France, le gendarme du logement social, l’Ancols (Agence nationale de contrôle du logement social), est revenu sur plusieurs polémiques qui avaient secoué ou secouent encore l’organisme.
Des salaires très élevés. En 2015, alors que le salaire moyen des offices publics avoisinait 2280 €, celui des 2900 salariés de Paris Habitat atteignait plus de 2900 €. 27 % de plus ! Et pour cause : l’organisme parisien comptait 33 % de cadres, contre 17 % ailleurs.
Des RTT à gogo. En plus de 34 jours de congé annuels et de 22 jours de RTT, le personnel bénéficie de cinq jours de vacances bonus et d’un jour pour la fête des mères ou des pères. Les salariés peuvent par ailleurs utiliser un dispositif de rachat de jours de RTT ou de congés mis à leur disposition par la maison-mère, qui coûte 1,2 million d’euros (M€) par an. Globalement, « le surcoût de la masse salariale peut être estimé à plus de 7 M€ par an », jugent les rapporteurs.
Un étonnant parachute doré. Alors que le départ de la secrétaire générale en 2016 aurait dû générer une indemnité de 87 541 € au regard de ses sept années d’ancienneté, elle a dans les faits touché 296 541 €. L’ajointe au directeur général, elle, a bénéficié d’une indemnité de rupture de 211 500 €. « Je n’ai pas été associé à cette décision, que je n’approuve pas », se défend au Parisien Roger Madec, président du conseil d’administration de Paris Habitat. À chaque fois, « le directeur général a décidé lui-même du montant de l’indemnisation et fait bénéficier les salariés concernés d’indemnités très supérieures à la pratique habituelle », est-il écrit dans le rapport. Alors même que le départ de ce dernier avait déjà été acté…
Une addition hors de prix. Ce fameux départ a suscité le « versement d’indemnités importantes », selon le rapport. Arrivé en 2012, le directeur général est parti en juin 2016 avec des indemnités de rupture de presque 365 000 €. « Son contrat avait été avalisé par la tutelle. Par ailleurs, il a certes touché 365 000 € mais c’était 270 000 € de moins qu’initialement prévu », assure Roger Madec. Au total ces trois départs ont coûté plus de 850 000 € à l’office. Selon les enquêteurs, « l’ampleur des sommes versées présente un caractère excessif au regard de la mission d’intérêt général » de Paris Habitat.
Trop peu de surloyers. Dans les logements sociaux, les locataires ayant des revenus qui dépassent un certain plafond doivent acquitter d’un supplément de loyer de solidarité (SLS). Fin 2016, sur quelque 120 000 logements, 3753 locataires acquittaient un SLS pour un total de 9,7 M€. Pour les immeubles « à loyer dérogatoire » (NDLR : ayant été rachetés occupés par Paris Habitat), problème : ces locataires ne sont « pas enquêtés » au moment du contrôle « et sont donc exclus irrégulièrement » du champ d’application, alors même que l’on pourrait leur demander 407 € par mois en moyenne. Le manque à gagner pour l’office est de 270 000 € par mois. « Il n’y a que quelques centaines de cas discutables. Depuis que nous avons commencé les enquêtes de revenus, les plus fortunés sont déjà partis. Il n’y a pas de nantis dans notre parc de logements », certifie Roger Madec.
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