L’Iphone et la Torah.

Je suis debout dans un wagon de Métro.8 heures du mat.

A défaut d’être assis, je suis voisin d’un barbu juif, kippa et tenue de rigueur tenant la barre verticale.Bien que ‘mamiche’ (légèrement myope) mais excellent presbyte, je jette un coup d’œil sur son portable Iphone, la grande vague du genre ‘Sans ton Iphone… ! Tu rames… !’. Et là ma curiosité surprend ce père de famille, tremblant des lèvres, psalmodiant des versets, sans paroles, tirés des psaumes. Ou alors la prière du matin qu’il n’a pas eu le temps de faire chez lui.

Surpris, je devine, à l’aise, qu’il prie tout en jouant des doigts, une page deTorah. Son pouce, caressant l’écran, fait défiler les pages, les unes après les autres. Une fois sa brakha terminée, il se couvre les yeux pour le ‘…Chemââ.. !’ Mais furtivement, de peur de dévoiler son identité.

J’ignorais que l’on pouvait télécharger des oraisons, des prières, bref des textes sacrés sur ce truc là.Je l’apprends à mes dépens.

Donc D ieu et ses prophètes sont rentrés dans la petite boite magique. Dans lapoche.Fini le petit livre de poche de prières, en tout genre, aux pages écornés, vive le net.

Par un glissement imperceptible, feutré du majeur ou autre, sans trop d’efforts, voilà la Thora apparait, lumineuse. Juste une caresse et notre religieux rentre dans le sacré, en présence d’incognitos, dans un métro bondé. Son balancement passe inaperçu, il est mit sur le compte de la marche cahotante du train.

On n’arrête pas le progrès, vraiment, surtout lorsqu’il devient pratique. De là que L’Iphone remplace la syna il y a un grand pas que les religieux ne franchiront pas, car n’oublions pas que la syna est non seulement un lieu de culte, mais aussi d’affaires.

Mais si par hasard, cet instrument ingénieux, venait à tomber et rouler dans le caniveau… ?Avec toute la nomenclature religieuse… ?

En tout cas, ‘l’Iphone religieux’ né sous la pression des doigts, lorsque l’empressement se fait sentir, est une bonne chose.