CINÉMA - "Il faut un grand rôle pour devenir une grande actrice et Marilyn n'en a pas eu" écrit Ann Scott dans Monroerama.
Star Hollywoodienne dans les année 1950, Monroe est longtemps recalée au rang d'égérie sulfureuse de la culture pop. Elle continue d'être considérée comme une simple icône sexuelle, un statut validé aujourd'hui par les nombreux hommages, publications et révélations souvent consacrés à des photographies inédites de la star ou à des anecdotes de sa vie extra-conjugale qui accompagnent les événements commémoratifs en son honneur.
À l'occasion du 50e anniversaire de sa mort, il n'est donc pas inintéressant de rappeler que Marilyn Monroe était aussi une actrice.
Une actrice qui aura notamment collaboré avec quelques uns des plus grands metteurs en scène hollywoodiens de l'époque, Billy Wilder, Fritz Lang, George Cukor, Howard Hawks, Otto Preminger, John Huston ou Joseph Mankiewicz. Pour Jean-Michel Frodon, critique sur Slate.frMarilyn est "une 'nature', sa plastique, sa gestuelles, son énergie vitale, sa séduction, l’étrangeté de sa voix ou plutôt de certaines inflexions déstabilisent son environnement, introduisent une rupture."
Dans la revue Positif, Vincent Amiel décrit sa façon de jouer. "L'un de ses traits les plus saillants réside dans sa propension à fragmenter les scènes comme autant de poses et à les lier ensuite avec fluidité. Sourires, ébahissements, arrêts, entrain, on a parfois l'impression d'une succession de poses éclatées."
"L'effet est sans doute amplifié par le croisement dans la mémoire des photos. La force des clichés cent fois vus est d'arrêter le mouvement. (...) C'est parce que le mode de diffusion de son image était basé sur ces clichés qui fragmentent le mouvement comme le corps que la perception de son travail d'actrice en est resté à ces poses, occultant les moments les plus nuancés."
Dans sa courte mais prolifique carrière, le HuffPost a retenu 6 films où Marilyn Monroe n'est pas que courbes glamours et sex appeal:
Certains l'aiment chaud (1959)
Il fallait commencer par la comédie de Billy Wilder, un des meilleurs films de l'histoire du cinéma et un rôle sur mesure pour l'actrice enceinte au moment du tournage. Sugar Kane Kowalczyk est la quintessence de Marilyn Monroe. Joueuse d'ukulele à la recherche d'un mari milliardaire si possible pas trop vieux, elle est à la fois séductrice, charmeuse et fragile.
Au milieu du duo Jack Lemmon et Tony Curtis, elle trouve un équilibre parfait entre ses talents comiques et sa sensualité. À la sortie du film, Wilder ironise: "je ne tournerai plus avec elle. J'en ai parlé à mon homme d'affaires et à mon psy qui m'ont dit que j'étais trop vieux et trop riche pour recommencer." Mais, triomphe artistique et financier, Certains l'aiment chaud vaut à Marilyn un Golden Globe de la meilleure actrice dans une comédie en 1960.
Les Hommes préfèrent les blondes (1953)
La comédie musicale de Howard Hawks est une consécration pour Marilyn et son rôle de Lorelei Lee est probablement le plus symbolique. Cheveux blonds, robe rose et chorégraphie millimétrée composent l'image de l'actrice. Son interprétation deDiamonds Are a Girl's Best Friend rentre dans l'histoire et inspirera des artistes comme Madonna pour le clip de Material Girl.
L'histoire? Deux showgirls - meilleure amie pour la vie - décide de descendre à Paris en quête de l'amour pour y rencontrer de bons partis, enchaînant les mésaventures, les danses et les chansons. La figure étincelante de Marilyn est une telle réussite que son succès se transformera aussi en prison d’actrice.
7 ans de réflexion (1955)
Plusieurs scènes cultes du film de Billy Wilder cernent la présence de Marilyn à l'écran, mélange de naïveté et gentillesse impossible à resister. Debout sur une bouche de métro new-yorkaise, Monroe voit soudain sa robe blanche - vendu 5,6 millions aux enchères en 2011 - soulevée par le vent d'une rame qui passe découvrant ses jambes nues. Adaptation d'une pièce de George Axelrod, 7 ans de réflexion, comédie estival par excellence, met en scène une jeune fille sans prénom séduisant sans effort un voisin publicitaire dont la famille est partie en vacances.
La "victime", incarnée par Tom Ewell ira même jusqu'à se défendre d'héberger une amante dans son appartement en déclarant: “Oui, et je cache Marilyn Monroe dans ma cuisine."
Arrêt d'Autobus (1956)
Le film de Joshua Logan est une des rares occasions de voir Marilyn Monroe user avec talent des ses capacités d'actrice dramatique. Adaptation d'une pièce de William Inge, Arrêt d'Autobus permet à Marilyn de faire étalage de son talent.
Dans la peau de Cherie, prononcé à la française, interprète coincée dans un saloon de Phoenix en attendant de trouver un moyen de conquérir Hollywood, Monroe se laisse difficilement séduire par des rodéos et des cow-boys prompts à dégainer leur lasso. Bo, le garçon-vacher, querelleur et macho voit bien qu'elle lui résiste mais prêt à tout pour trouver une femme - incluant le fait de la trainer de force dans son ranch - il la poursuit sans relâche. Marilyn préfère elle chanter dans un soupir angélique.
Les Désaxés (1961)Trois interprètes, Marilyn Monroe, Clark Gable et Montgomery Clift, décèderont après le tournage du film de John Huston - sur une période de trois ans - établissant l'image "crépusculaire" et maudite des Désaxésqui chronique à la fois la fin du mythe de l'Ouest et celle de l'âge d'or d'Hollywood. Le dernier film achevé de Marilyn Monroe est taillé pour l'actrice par son mari Arthur Miller.
Le dramaturge y dresse le portrait d'une femme à peine divorcée, portée sur la boisson, cherchant des réponses à Reno, dans le désert du Nevada. Alors qu'il est impossible de savoir à quel point le personnage de Roslyn conçu par Miller est inspiré de la vraie Marilyn, l'actrice arrive souvent saoule et en retard sur le plateau brouillant les frontières à l'écran entre la fiction et la réalité.
Rivière sans retour (1954)
Marilyn y incarne Kay, une chanteuse de bar désabusée qui rêve de quitter une ville de péquennots poussiéreux. Dans ce western réalisé par Otto Preminger, elle donne le change à Robert Mitchum qui sert aussi de médiateur entre l'actrice et le cinéaste en froid pendant le tournage. Alors que Vincent Amiel explique que certaines séquences permettent à Marilyn de montrer toutes les subtilités de son jeu, elle confie "mériter mieux qu'un film de série Z de cow-boys" dans The Many Lives of Marilyn Monroe. Pourtant, bravant les rapides, la violence du far-west ou le machisme de Mitchum, elle s'en sort plutôt bien et offre quelques unes de ses plus belles chansons de cow-girl autour du feu.
Une carrière inachevée?
Ses derniers entretiens avec son psychanalyste révélaient une Marilyn obsédée par les Oscars et se posant des questions sur sa carrière, envisageant notamment de jouer du William Shakespeare pour être enfin considérée comme une actrice sérieuse. Alfred Hitchcock aura refusé de travailler avec elle, arguant qu'il n'avait jamais apprécié "les femmes qui portent leur sexe sur le visage comme une babiole autour d'un cou."
Enfin, un dernier film participe au mythe de Monroe. Sous la direction de George Cukor, Something’s Got to Give est finalement resté inachevé. Plusieurs extraits du long-métrage sont disponibles dans un documentaire, derniers rushes de Marilyn sur le tournage entre ses scènes, nue, dans la piscine, les répliques, les plans fixes sur Norma, les rires et certains moments de complicité. Les rumeurs font état d'un trésor de 500 minutes qui continueront d'alimenter la légende Monroe. En 1999, l’American Film Institute la distinguait comme la sixième plus grande actrice américaine de tous les temps.
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