Deuxième épisode de cette série gastronomique vue par le petit bout de la fourchette française...
C'est ici que les glaces, les pizzas, les sauces, les sandwichs ont repris de leur noblesse. Les Américains leur ont fait un sort et ont même offert leurs corps à ces nourritures dévastatrices. Mais dans leur énergie sonore, ils nous ont apporté autre chose que le glaciaire, le déodorant et le fil à dent...
Ce qu'il y a de bien avec les États-Unis, c'est que l'on peut en dire tout et son contraire. On y mange horriblement mal, c'est acquis, en dehors des grandes villes où, bien souvent, les salades javellisées sont interchangeables, les frites sans esprit et les sodas dilués. Cela dit, le boulevard Saint-Germain, à Paris, n'est pas exempt de calamités banales et répétées.
Mais dans les grandes villes, la donne change du tout au tout pour délivrer des tables excellentes avec des chefs doués et des assiettes bigrement pertinentes. Il y a dans les restaurants américains comme une allégresse dentifricielle, un art de profiter de l'instant (et de le faire savoir) avec abondance, rires et bonne humeur.
Comme en Angleterre, on a su donner au restaurant l'art de l'entertainment, cette façon de transformer un moment banal (le repas) en instant de détente, de rigolade et de souvenir. Le service est plus agréable, le verre d'eau frais arrive illico. Finalement, cette gastronomie que l'on critique, fort de notre suffisance qui fait sourire le monde entier, reste généreuse et nous apprend pas mal de choses. À commencer par cette dimension bon enfant, candide, de la table...
Ce qu'on leur a piqué...
LE HAMBURGER
Il a beau y avoir des chaisières qui tournent de l'oeil lorsqu'on introduit du comté dans le hamburger, il n'en reste pas moins que ce brave petit sandwich molletonné, profond comme une miche, doux comme un ventre tiède, fait partie de notre patrimoine gastronomique. Il suffit pour cela de se rendre dans les fast-foods, à l'heure du déjeuner ou le samedi soir, et l'on découvre une France décomplexée, bouffant sans arrière-pensée, ces résumés de repas. Certes, diététiquement, l'affaire n'est guère glorieuse, le spectre des saveurs est un tantinet désolant (une ritournelle sur deux notes - sucré-salé - jouée sur un doigt) mais cela passe. C'est un instant rebelle, un refus de l'ordre gastronomique ; une incantation athée.
LE KETCHUP
Même motif, même punition. Pour son air torve, sa langue rouge et son obstination à rester dans le flacon, créant des gestes effrontés que nos académiciens devraient intégrer au patrimoine immatériel : le tabassage du culot de la bouteille de ketchup.
LE KETCHUP
Même motif, même punition. Pour son air torve, sa langue rouge et son obstination à rester dans le flacon, créant des gestes effrontés que nos académiciens devraient intégrer au patrimoine immatériel : le tabassage du culot de la bouteille de ketchup.
Ce qu'on leur laisse bien volontiers...
LES BRAILLARDS
Une vraie calamité importée régulièrement dans nos propres restaurants. Il y a chez les Américains une sorte de drame carabiné à meugler lorsqu'ils sont contents (valable aussi pour les Rosbifs), une sorte d'incantation décibellique comme s'ils avaient peur de la fin du monde. Cela dit, pour ceux qui ont un complexe de manque de conversation, c'est un vrai enchantement de les écouter. Extraits : « TU AS BIEN FERMÉ LA PORTE DE LA CHAMBRE ? ! » Réponse hurlée : « OH, YEAH ! ». Et ainsi de suite. Parfois, on a également cette envie subite et sauvage de leur fermer leur grande g... pardon, la porte de leur chambre.
LES OBÈSES
L'agroalimentaire américain est franchement responsable du tour de taille de bon nombre d'Américains. Par le jeu cynique d'un système d'addictions (salées et sucrées), bon nombre de leurs citoyens se laissent enfermer dans un cycle sans faim.
LES OBÈSES
L'agroalimentaire américain est franchement responsable du tour de taille de bon nombre d'Américains. Par le jeu cynique d'un système d'addictions (salées et sucrées), bon nombre de leurs citoyens se laissent enfermer dans un cycle sans faim.
Ce qu'on devrait leur chiper...
RIGOLER AU RESTAURANT
En France, un rien nous rend tristes. Là-bas, c'est un peu le contraire. Un oeuf dur cassé sur la tête, un bout de feuille de salade sur la dent et hop, la soirée est lancée. Les restaurants ont l'art de faire se marrer les foules. Sans doute parce que l'assiette n'est souvent pas drôle et que rire est alors le dernier muret avant le désespoir.
LE GUIDE ZAGAT
Donner son avis civiquement sans pipoter en poussant ses amis, les Américains en sont capables. Résultat, ce guide réalisé par les lecteurs est plus vendu que la Bible.
www.zagat.com
L'ART DU BARBECUE
On est un peu sot, mais c'est un grand exercice convivial et gastronomique que l'on traite par-dessus la jambe. Objet de moquerie et enfermé dans la « péquenaud culture », le barbecue, lorsqu'il passe au stade de l'excellence, est digne de respect : savoir gérer l'entassement des charbons tout en éloignant les enfants et les jerricans d'essence, ne pas se tacher en grillant les bananes au chocolat, dompter la braise et les grincheux, se manger quelques retours de flammes sur le tee-shirt flambant neuf. Respect.
LE DOGGY BAG
Il faut être un peu gonflé pour demander les restes dans un sac en papier. Il n'y a pas de petits profits. Et les chiens adorent.
On est un peu sot, mais c'est un grand exercice convivial et gastronomique que l'on traite par-dessus la jambe. Objet de moquerie et enfermé dans la « péquenaud culture », le barbecue, lorsqu'il passe au stade de l'excellence, est digne de respect : savoir gérer l'entassement des charbons tout en éloignant les enfants et les jerricans d'essence, ne pas se tacher en grillant les bananes au chocolat, dompter la braise et les grincheux, se manger quelques retours de flammes sur le tee-shirt flambant neuf. Respect.
LE DOGGY BAG
Il faut être un peu gonflé pour demander les restes dans un sac en papier. Il n'y a pas de petits profits. Et les chiens adorent.
L'ICE-CREAM
Qui l'a vraiment inventé ? Les Siciliens, les Chinois, les Vannetais ? C'est un peu comme la radio, tout le monde a sorti ses antennes. Mais, question glace, les Américains, comme on dit, l'ont sanctifié, rendu culturel, dodu et irrésistible. Le banana split reste un hymne cinglant du genre, à placer au même niveau que Carol de Chuck Berry, l'Empire State Building et la robe blanche de Marilyn Monroe au-dessus de la bouche d'égout.
Qui l'a vraiment inventé ? Les Siciliens, les Chinois, les Vannetais ? C'est un peu comme la radio, tout le monde a sorti ses antennes. Mais, question glace, les Américains, comme on dit, l'ont sanctifié, rendu culturel, dodu et irrésistible. Le banana split reste un hymne cinglant du genre, à placer au même niveau que Carol de Chuck Berry, l'Empire State Building et la robe blanche de Marilyn Monroe au-dessus de la bouche d'égout.
LE COCA
Brave mixture qui pique, mais a traversé un siècle en éclaboussant de sa fraîcheur de vivre.
LE CHEWING-GUM
Formidable petit récépissé glissé dans le bec autorisant ipso facto d'avoir l'air bête sans arborer de l'acné.
Brave mixture qui pique, mais a traversé un siècle en éclaboussant de sa fraîcheur de vivre.
LE CHEWING-GUM
Formidable petit récépissé glissé dans le bec autorisant ipso facto d'avoir l'air bête sans arborer de l'acné.
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