Ils sont francophone non juifs, en se mariant ils ont également épousé le pays de leurs conjoints, ils s’y sont installés et s’y sentent bien. Je suis allée à la rencontre de trois d’entre eux afin de comprendre ce qui les a attiré ici et ce qui les retient dans ce pays où le sentiment d’appartenance à la religion juive est la base même de sa création.
Julia 38 ans, maman de 2 enfants, vit à Tel Aviv. Arrivée en 2009
“J’ai rencontré Tsyion lors d’un voyage en Thaïlande, nous sommes tombé amoureux et pour pouvoir vivre notre amour il fallait choisir où s’installer. Nous avons donc décidé de faire un essai de deux ans dans chacun de nos pays respectifs. Nous avons d’abord vécu 2 ans en Israël où tout s’est bien passé et ensuite nous nous sommes installés en France pendant deux ans également. Mais Tsyion ne s’est pas adapté à la France, il y était malheureux. C’est pourquoi au bout de cette période nous avons décidé de nous installer définitivement dans son pays.
Ce qui m’a plu en Israël ce sont les gens avec leur côté direct, je les trouve moins coincés, moins carrés qu’en France. J’ai aimé leur créativité, leur flexibilité, l’humour, le fait qu’il y a toujours moyen de discuter… ici tout est possible. C’est parce que la vie est plus difficile qu’en France. Et puis petit à petit on se sent de moins en moins français.
Je n’ai jamais senti de différence en tant que non juive, la famille de mon mari ne m’a jamais demandé de me convertir. Peut-être qu’ailleurs c’est différent mais à Tel Aviv ça va. Ce qui me gène par contre c’est la manière dont les israéliens parlent des événements qui se déroulent en France, lorsqu’ils disent que la France est devenue un pays arabe par exemple. Je me sens entre les deux cultures, c’est compliqué. Je ne supporte plus certaines choses en France, comme l’éducation trop stricte par exemple. Pourtant ici je reste très française même au niveau éducatif, j’ai besoin de mon espace d’adulte.”
Diane 42 ans, maman de deux enfants, vit à Tel Aviv. Arrivée en 2007
“Je vivais à Amsterdam et mon amoureux était israélien, il voulait me montrer son pays, sa famille. Je suis venue en Israël 3 mois pour voir comment c’était mais j’avais gardé mon appartement à Amsterdam et ça m’a pris un an avant de décider de venir. Cela a été tout un processus pendant lequel j’ai participé à un workshop sur le développement personnel, ce qui m’a aidé à me préparer psychologiquement, à prendre les bonnes décisions et quand je suis venue je me sentais prête. Dès mon arrivée ça s’est très bien passé: j’ai retrouvé une amie d’enfance qui vivait là, je me suis fait de nouveaux amis, nous vivions dans un superbe appartement, je crois que j’ai eu beaucoup de chance.
Pourquoi je me suis installée en Israël? Vivre à l’étranger est lié à mon caractère et à mon histoire personnelle: J’ai beaucoup voyagé et à 17 ans j’habitais déjà seule à Amsterdam. Je suis peut-être naïve mais je me suis dit que tout irait bien. Quand Noam est né ça a été un peu difficile mais “there is no way back!” De nombreuses questions sont survenues comme celle de la circoncision et de la langue mais cela fait parti du cheminement et j’ai accepté cela en arrivant ici.
Avec Yariv on se comprend bien, il n’est pas religieux du tout, sa famille non plus, on a les mêmes valeurs, j’ai été super bien acceptée sans aucune question religieuse. La langue est ce qui crée le plus de tension parce qu’on parle encore anglais entre nous. On a décidé que je parlerais français aux enfants mais comme il ne le parle pas, ça crée des tensions et c’est dommage. Je suis arrivée sans aucune attente et je pense que cela a participé à ma bonne intégration.”
Gabriel 40 ans, papa de 2 enfants, vit à Tel Aviv. Arrivé en 2011
“Rien ne me destinait à vivre en Israël, ça a été le destin total. Un soir je suis sorti en boite de nuit à Pigalle avec mon meilleur ami pour draguer et je suis tombé sur ma femme! Elle travaillait pour Elal, très vite on a emménagé ensemble. Dès que c’est devenu sérieux entre nous elle m’a dit qu’elle voulait faire sa vie en Israël, avec ou sans moi elle vivrait là-bas. Je n’ai pas eu le choix, c’était un package: Michal et Israël ou rien! Nous avons vécu 6 ans à Paris pendant lesquels Michal a fait des études. Nous nous sommes mariés en France parce que nous ne pouvions pas le faire en Israël. Au début sa famille était un peu réticente parce que je n’étais pas juif mais comme nous vivions loin d’eux nous avons été protégé de ça pour construite notre couple. Finalement ils se sont habitués à moi et quand je leur ai dit que j’avais été conçu à Jérusalem pendant la lune de miel de mes parents, la mère de Michal a vu ça comme un signe.
J’ai toujours été aventurier c’est dans mes gènes, je n’aurais jamais imaginé vivre en Israël mais l’idée de vivre ailleurs me plaisait. L’une des raisons pour lesquelles je me sens bien ici c’est parce que la vie est belle pour mes enfants. En plus ce n’est pas le bout du monde, c’est seulement à 4 heures de la France. J’adore le climat d’Israël et c’est un pays intéressant où il se passe plein de choses. Il y a une grande communauté française sur place, je peux même travailler en français donc c’est plus facile, je me sens un peu en France. J’ai tout bien vécu! Et puis on habite Tel Aviv… le fait que je ne sois pas juif suscite presque un intérêt. Comme je suis le mec et que la judéité est transmise par la mère, mes filles sont juives. Le processus pour obtenir les papiers au misrad apnim a été long mais c’est comme ça dans tous les pays, en France non plus on ne donne pas la nationalité si facilement.”
Nul ne sait combien ils sont à vivre ainsi sur le territoire israélien puisqu’ils ne sont pas recensés. Ils sont très bien assimilés, parfois même plus que les francophones ayant fait leur Alya qui ont tendance à rester entre eux et ont ainsi plus de mal à apprendre l’hébreu mais aussi à s’adapter à la culture du pays. Ils sont intégrés directement à la famille de leur conjoint qui ne parle pas français et les immerge totalement dans la culture israélienne.
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