Construction d’une nouvelle ligne de chemin de fer, création d’une nouvelle ville, arrivée de milliers de soldats, le tout en exploitant l’énergie solaire : Tsahal s’apprête à bouleverser l’avenir du Negev.
Des avions de Tsahal survolent le Negev
Le saviez vous? Plus de 55% du territoire israélien est couvert de sable! C’est le désert du Negev. Le rêve de Ben Gourion était de « faire fleurir le désert » et de voir s’y développer une nation moderne. Pourtant, seuls 9% de la population israélienne y résident aujourd’hui. Tsahal s’attelle à son tour au défi. D’ici 2014, les principales bases et centres névralgiques de l’armée s’installeront sur les dunes. Rencontre avec le cerveau de ce projet pharaonique…
« C’est une petite révolution, à l’échelle d’une génération. Toute une classe d’âge, conscrite pour son service militaire, passera plusieurs mois dans le désert pour y être entraînée. Il est évident que si nombreux sont les Israéliens qui voient aujourd’hui le Negev comme une zone périphérique, ce ne sera plus le cas dans 20 ans ! Tsahal aura alors réussi à être un facteur de changement dans la perception même du territoire d’Israël par sa population… »
Le Lt. Col. Shalom Elfassi, qui nous rencontre dans un café de Tel Aviv, nous en dit plus sur le projet d’urbanisme le plus en vue de Tsahal ces dernières années. Dans la « ville des bases » nouvelle – « Ir HaBahadim », comme on surnomme le projet en Hébreu – qui s’élève peu à peu entre les dunes caillouteuses, la construction des bâtiments a commencé ce mois-ci pour s’achever en 2014. Au programme : l’évacuation de 40,000 dunams de terrain au centre d’Israël, où les prix de l’immobilier explosent et les terres manquent pour étendre les villes, pour installer dans les prochaines années tous les centres d’entraînement et de formation de Tsahal au coeur du Negev.
«IR HABAHADIM»: L’URBANISME À L’ÉCHELLE MILITAIRE
« La plupart des soldats combattants de Tsahal s’entraîne dans le Negev. Pourquoi? C’est un endroit peu peuplé et ses vastes étendues sont assez vides pour que l’armée puisse y mener des exercices de tirs, de navigation voire même des simulations opérationnelles complètes. Au lieu de déplacer les soldats de leur base-mère, nous choisissons de déplacer la base. En terme d’efficacité, c’est un gain incroyable. »
Déplacer oui, mais pas n’importe comment. La décision d’engager Tsahal dans le projet d’urbanisme le plus audacieux de son histoire implique de considérer tous les facteurs. Si le Negev n’est pas très peuplé, sa nature et sa faune constituent l’une des principales richesses naturelles d’Israël. Après consultations, un accord a été trouvé entre les comités locaux, les associations écologiques et les administrations de Tsahal.
Avec un engagement à la clé: la garantie que la construction du nouveau « campus académique » où seront formés les soldats des principales branches de Tsahal sera verte. Tri des ordures, mise en valeur des toitures, utilisation de l’énergie solaire, protection des nappes phréatiques, recyclage, autant de défis nouveaux a remporter.
« Nous plantons aussi des arbres, en coordination avec le KKL. Ce n’est pas seulement une base, c’est un véritable complexe militaire que nous construisons. ‘Ir HaBahadim’ est un projet qui inclut des infrastructures dont les civils seront les principaux bénéficiaires : un supermarché, un centre commercial, une gare de train et d’autobus, un centre culturel et même une piste cyclable depuis Beer Sheva jusqu’à l’entrée du camp ! »
Pharaonique? Pour acheminer les soldats vers le nouveau centre névralgique de Tsahal, une nouvelle ligne de train va être construite. Les rails seront posés dès l’an prochain. Sur les dix kilomètres qui séparent le nouveau complexe de la ville de Beer Sheva, aux portes du désert, la route sera refaite pour inclure une piste cyclable. Mais l’impact réel de la construction réside dans le sous-traitement de tous les postes logistiques par des firmes civiles et la création de fait de plus de 1000 emplois directs au sein des bases. Les emplois créés par la mise en place des nouvelles infrastructures se comptent eux en milliers, probablement près de 5000.
Dans chaque base de Tsahal, les soldats en formation assument également les fonctions logistiques : préparation des repas, entretien des bâtiments, nettoyage des surfaces, etc – autant de temps libéré pour leurs entraînements et de postes transférés a des habitants du Negev employés par des entreprises locales.
« C’est un saut en terme de qualité, et d’efficacité. Tout le monde y gagne ! » ajoute le Lt. Col. Elfassi.
Des pilotes israéliens survolent Nahal Paran dans le Negev
« UN DES PROJETS LES PLUS IMPORTANTS
Mais surtout, le début de la construction marque un tournant majeur dans la perception du Negev par la population israélienne. Le développement du pays, très concentré dans la plaine centrale et sur la côte méditerranéenne, a délaissé dans un premier temps les immensités désertiques.
« C’est un retour aux sources, nous libérons des terrains dont les civils ont besoin pour développer les villes et les infrastructures dans le centre du pays. C’est à l’armée de servir les citoyens… A nous de faire fleurir le désert. »
Dans le centre du pays, Tsahal occupe 40,000 dunams. Des terrains sur lesquels l’armée naissante du nouvel Etat Juif a pris possession des 1948 d’anciennes bases construites a l’époque du mandat britannique. Leur construction est caractéristique des installations de l’armée anglaise : des bâtiments très bas, épars, sur une zone aplanie. Dans le Negev, Tsahal n’aura donc besoin que de 2500 dunams, le résultat d’une construction plus pertinente, plus haute et plus concentrée.
Aux alentours du complexe, plus de 500 officiers de carrière s’installeront avec leurs familles. Une nouvelle ville, tout près de cette nouvelle « ville des bases » devrait donc naître et entraîner le développement de la région.
« Israël a fait du développement de la périphérie une priorité nationale. Dans 20 ans, une fois toute une génération de soldats entraînée dans le Negev, je veux croire que nous considérerons que cette région fait partie du centre du pays. »
Le projet – nom de code « Montée de Tsahal vers le Negev » – est considéré par les autorités militaires comme « l’un des plus significatifs depuis la création de l’Etat d’Israël ». D’ici à 2014, plus de 11000 soldats y seront stationnés sur la base des branches technologiques. La fenêtre des hackers de Tsahal de demain s’ouvrira sur les dunes.
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